Le décryptage éco Le niveau de vie des retraités a-t-il vraiment baissé ?
À l’appel de neuf associations et syndicats, les retraités sont de nouveau dans la rue jeudi pour défendre leur pouvoir d’achat. Ils estiment qu’il a beaucoup baissé. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
Les retraités sont de nouveau dans la rue, jeudi 11 avril, pour défendre leur pouvoir d’achat. Ils estiment qu’il a beaucoup baissé. Pourtant, leur niveau de vie reste supérieur à celui des actifs. En 2015, les retraités français vivaient avec 2 055 euros en moyenne par mois. C’est 5,6% de plus que l'ensemble de la population. c’est ce que nous dit une étude du COR, le Conseil d’orientation des retraites qui vient d’être publiée et c’est une exception française.
Des retraités mieux lotis que le reste de la population
Selon le COR, leur taux de pauvreté est deux fois moins élevé que le reste de la population. En fait, dans notre pays, ce sont surtout les jeunes qui sont pauvres, 65% ont moins de 20 ans. Évidemment, ce sont des moyennes macroéconomiques qui lissent des situations très disparates. Et qui ne sauraient faire oublier qu’il y a des retraités qui ont du mal à boucler les fins de mois. Et la comparaison avec les jeunes a toujours des limites : forcément les retraités ont, par exemple, eu leur vie pour capitaliser et être propriétaires de leur logement.
Cette étude montre d’ailleurs que si leur niveau de vie reste supérieur à celui des actifs, il a baissé ces dernières années : entre 2002 et 2015, il a perdu 0,5%. Cela s’explique par les pensions, qui ont été quasi gelées ces dernières années mais aussi par l’augmentation des prélèvements, impôts, taxes, etc. Il n’empêche, ils ont moins perdu que le reste de la population, qui, elle, a perdu presque 2,5% de niveau de vie à la même période ! Mais c’est une vraie rupture avec les années 90 où le niveau de vie des retraités n’avait pas arrêté d’augmenter.
L’étude s’arrête en 2015
On peut penser que leur baisse de revenus s’est encore accélérée. Notamment avec la désindexation des retraites sur l’inflation mise en place par Emmanuel Macron, mais aussi la hausse de la CSG, même si le gouvernement a rectifié le tir en décembre dernier en mettant cette hausse de la CSG à partir de 2 000 euros de revenus mensuels contre 1 200 euros auparavant. Mais là où cette étude est intéressante, c’est qu’elle montre aussi qu’il y a aussi des causes démographiques, des changements de mode de vie à prendre en compte quand on regarde le niveau de revenus des Français.
Des causes démographiques expliquent la baisse de revenus des retraités
Avec l'arrivée des baby-boomers à l'âge de la retraite, le nombre de divorcés a beaucoup augmenté. Or, on vit moins bien seul qu’en couple, économiquement parlant, s’entend. Autre facteur qui joue : l’espérance de vie. Elle augmente, on reste plus longtemps à la retraite qu’avant – une femme française passe en moyenne 27 ans à la retraite et un homme 25 ans –, on hérite de plus en plus tard et les retraités ont la charge de leurs parents qui ont 85, 90 ans. Ils participent au paiement de l’Ephad , ce sont des frais en plus.
Ils aident aussi leurs enfants à terminer leurs études, à s’insérer sur le marché du travail.. Et puis derrière les chiffres, c’est comme le froid réel et le froid ressenti. Même si les retraités restent mieux lotis que les actifs, cette érosion de leurs revenus est violemment ressentie.
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