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Le décryptage éco. Le déclin du capitalisme français

La crise des subprimes a eu lieu en 2007. Cela a eu des répercussions mondiales. Où en est le patrimoine français ? Le journal Le Monde publie ce mardi le premier volet d'une enquête sur ce sujet.

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le parvis du quartier de La Défense vers Paris, quartier d'affaires situé sur les communes de Courbevoie, Puteaux et Nanterre, le 15 mars 2013. (FRED DUFOUR / AFP)

Dix ans après le début de la crise, où en est le capitalisme français ? Le Monde publie aujourd’hui le premier volet d’une grande enquête et tout a été chamboulé. C’est au printemps 2007, il y a donc dix ans, que la crise des subprimes, ces prêts pourris américains, commence. Cette bulle immobilière va exploser et provoquer une tempête financière comme le monde n’en avait pas connue depuis la grande crise de 1929.

Dix ans après, on peut mesurer l’empreinte de crise sur un pays comme la France : la plupart des pays occidentaux sont enfin sortis de cette crise, la France y compris. Ils ont souvent retrouvé et même dépassé leur niveau de production et de création de richesses d’avant la crise, même si cette décennie fut globalement très douloureuse.

Il ne s’agit pas seulement d’un rebond ou d’une convalescence. Cette crise a transformé, reconfiguré durablement le capitalisme français. En ce sens, plus rien n’est comme avant. Dix ans après, on voit clairement que la crise a bien foudroyé l’économie française. La place et la taille du capitalisme français dans l’économie mondiale ont réduit, nous avons comme pris un sérieux coup sur la tête. Un chiffre pour le mesurer : au printemps 2007, le poids des groupes français dans la valeur de l’ensemble des entreprises cotées en bourse était de 5%. Il n’est plus que de 2,8%, c’est à dire que la France a perdu 45% de sa part de marché dans la compétition mondiale. C’est spectaculaire, même si bien sûr cela n’est pas du à notre seul déclin mais aussi au fait que d’autres pays, notamment la Chine, sont montés en puissance et ont pris une place plus importante.

L'actionnariat est plus fragmenté... et moins français

La structure financière du capitalisme français s’est transformée. Le système actionnarial français s’est disloqué ces dix dernières années. L’actionnariat des entreprises françaises est ainsi de plus en plus fragmenté et donc de moins en moins français. Les investisseurs étrangers ont massivement dans nos entreprises. Au point qu’aujourd’hui, 45% du capital des entreprises tricolores sont entre les mains d’investisseurs étrangers.

Une série de raisons expliquent ce mouvement : l’Etat s’est désengagé, les contraintes réglementaires imposées aux banques et aux assurances les ont empêché de bloquer trop d’argent dans les entreprises, et puis les petits actionnaires en France ont fondu. Leur nombre a même été divisé par deux en dix ans. Et c’est souvent la fiscalité qui les a découragés : contrairement à ce que beaucoup croient, notamment à gauche, la France taxe beaucoup plus les revenus du capital que ceux du travail. Du coup, la France est devenu un pays capitaliste sans capitaliste, comme le dit joliment l’économiste Patrick Artus.

Un sujet pour les candidats à la présidentielle

Les candidats à l’élection présidentielle ont certainement des choses à dire. Cette perte d’influence du capitalisme français devrait inspirer au moins trois choses aux candidats. D’abord, la question de la compétitivité de l’économie française demeure un sujet majeur, qui est encore largement devant nous. Deux : oui, il faut réfléchir à la fiscalité du capital, aujourd’hui trop dissuasive, si on veut se donner les moyens d’avoir un vrai actionnariat national. Trois, il ne serait pas absurde de créer des fonds de pension "à la française", avec des garanties pour limiter les risques, bien sûr, et avec le but de sécuriser ainsi le capital des entreprises françaises.

Le ministre de l'Economie Michel Sapin y travaille et voudrait boucler le texte avant de partir. Mais le calendrier est serré et ce sera donc aussi un sujet pour le prochain gouvernement issu de l’élection présidentielle.  


Le déclin du capitalisme français par franceinfo

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