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Le décryptage éco. La fragilité des banques européennes

Quand le FMI joue à nous faire peur : après ses prévisions pessimistes sur la croissance mondiale, l’institution s’est penchée hier sur le secteur bancaire en pointant du doigt la fragilité des banques européennes et pas seulement la Deutsche Bank.

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
Batiment de la Deustche Bank au Luxembourg. (JEAN-LUC FL?MAL / MAXPPP)

La banque systémique allemande, dont la faillite ferait exploser le système mondial tant elle est grosse, n’est pas la seule dans le viseur du FMI. Dans son Global Stability Report, le Fonds tire encore une fois la sonnette d’alarme, sur la fragilité du système bancaire européen et il n’est d’ailleurs pas le seul. L’amende infligée par la justice américaine à  la Deutsche Bank pour avoir trempé dans la crise des subprimes, 14 milliards, puis cinq, quatre aujourd’hui, a fait trembler les marchés, d’autant plus que l’Etat allemand n’est pas prêt à voler à son secours. Pour l’instant, l’orage est passé. Mais il reste les banques portugaises comme la Caixa ou italiennes comme Monte di Pasche qui croulent encore sous le poids des créances douteuses, une centaine de milliards de l’autre côté des alpes. Même la BCE les avait incité à faire le ménage, car ces créances impayées les rendent vulnérables.

La BCE n’est –elle pas un peu responsable de la fragilité des banques européennes ?

La politique des taux bas, voire négatifs pénalise les établissements bancaires. Pour placer leurs dépôts auprès de la Banque centrale ils doivent désormais payer et ça plombe bien évidemment leurs finances et leur rentabilité. Sans compter le peu d’attractivité à prêter aujourd’hui. Vous, lorsque vous prenez ou renégociez un crédit à un taux proche de zéro, vous n’êtes plus vraiment intéressant. Et ça n’est pas le seul obstacle pour renouer avec une prospérité perdue. L’arrivée en masse de la Fintech, c’est-à-dire de la concurrence des banques en ligne et la nouvelle réglementation Bale IV qui se dessine, vont aussi peser sur les banques. Mais ce sont surtout le Brexit puis l’amende de la Deustche Bank et d’une manière générale les amendes américaines qui ont plombé leurs actions. Et ça n’est pas fini.  Si les banques européennes ont réussi à doubler leurs fonds propres depuis la crise, elles ont aussi perdu quelques 430 milliards de dollars en bourse.

Le FMI pointe aussi la France du doigt  

Il estime qu’en Europe, il faut restructurer et qu’en France, en particulier, il faut limiter la rémunération des dépôts. On ne s’était pas vraiment aperçu que nos dépôts étaient grassement  rémunérés en France mais les taux proches de zéro justifient cette position du FMI. Selon lui, il faudrait moins de banques, moins d’agences, les restructurations ont d’ailleurs commencé, 150 000 suppressions de postes en Europe en deux ans, mais aussi encore plus de fonds propres pour que les banques se consolident. La refonte du secteur bancaire, dont les principaux établissements gèrent en France trois fois le PIB national, est indispensable, dit le FMI, si on ne veut pas se retrouver avec une nouvelle crise. L’Europe surveille désormais ses 129 plus grandes banques comme le lait sur le feu, mais elle n’a encore jamais eu à tester la solidité de son union bancaire. Les plans de sauvetage nous avaient couté à la fin des années 2 000, quelques13 % du PIB européen, 1 700 milliards d’euros, c’est bon, on a déjà donné.

 

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