Le décryptage éco. La fin du travail ?
Au moment où la courbe du chômage en France s’inverse en septembre avec 66 mille chômeurs de moins, va-t-on vers la fin du travail ? On pourrait le croire avec cette étude publiée en début de semaine qui a de quoi inquiéter.
Etude réalisée par le cabinet Deloitte et l’université d’Oxford. Elle concerne la Grande-Bretagne, elle nous parle robot et d’automatisation des tâches. Et les chiffres font peur. D’ici à 2030, l’entrée des robots dans le secteur public pourrait faire disparaitre jusqu’à 860 000 emplois, un quart des effectifs. De quoi empêcher de dormir les fonctionnaires britanniques et de tuer des vocations dans l’œuf. Saisies de données, métros, trains sans conducteurs, capteurs pour surveiller les patients dans les hôpitaux ou les maisons de retraite, on connaît déjà ça et ça va s’accélérer. Ce sont d’abord les secteurs qui présentent des tâches répétitives qui seraient touchés. Les métiers de contact avec le public comme dans l’éducation, la santé et la police par exemple seraient eux, relativement épargnés.
Tout le monde touché
Deloitte s’est aussi penché sur le privé britannique, et selon l’étude, trois postes sur quatre dans le transport et le stockage, deux sur trois dans le commerce de gros et de détail ainsi que dans l’industrie seraient concernés. La banque d’Angleterre, elle-même, annonçait l’an dernier, une menace sur 15 millions d’emplois Outre-Manche. Et le reste du monde n’y échappera pas. 30 % des emplois disparaîtraient en France du fait de la robotisation rampante et accélérée et qui supprimera des métiers ou plutôt les fera évoluer. C’est l’Ocde qui le dit. En Italie et l’Allemagne, plus industrialisées, ce seraient même quatre emplois sur dix qui seraient touchés. Mais ces statistiques qui paraissent alarmantes véhiculent aussi de bonnes nouvelles. Par exemple, des économies substantielles dans le budget des Etats. Pour revenir à la Grande-Bretagne, 15 milliards d’euros épargnés, ça compte aussi dans les finances publiques. Surtout s’il faut mettre le paquet sur les aides sociales.
La fin du travail ?
Pas forcément. Depuis la machine à vapeur et l’arrivée de l’électricité, qui ont marqué les deux précédentes ères industrielles, l’automatisation des tâches a plutôt créé de nouveaux emplois. Un emploi dans les technologies de l’information, les TIC, génèrerait autour de lui 5 autres postes. En fait, plus que la fin du travail, c’est surtout une transformation du travail dont on mesure mal l’ampleur encore. Non seulement les métiers sont déjà en train de changer. Mais la manière de travailler aussi. En cinq ans dans l’union européenne, le nombre de spécialistes des TIC a augmenté d’un million et demi. Ils représentent déjà 3,5 % de l’emploi total. L’ubérisation touche aujourd’hui de nombreux secteurs. Et ça n’est pas fini. Il faudra continuer à vivre avec un volant de chômeurs qui travaillent pas ou peu. Compter leur nombre, les comme il y a 40 ans à la création de l’Anpe ne veut plus dire grand-chose chose, à part montrer que, toutes catégories confondues, les chiffres stagnent. L’enjeu dès aujourd’hui, notamment pour les politiques, c’est surtout de comprendre et de s’adapter à un monde en plein bouleversement.
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