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Le décryptage éco. François Fillon présente son programme économique, persiste et signe

A deux jours de sa convocation par les juges dans le "Penélopegate", François Fillon présente lundi son programme économique dans les Echos et se dit le seul à incarner la vraie rupture.

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
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François Fillon à Puteaux lors d'un débat organisé par la confédaration des petites et moyennes entreprises  (Eric Piermont - AFP)

A deux jours de sa convocation par les juges dans le "Penélopegate", François Fillon présente lundi 13 mars son programme économique dans les Echos et se dit le seul à incarner la vraie rupture.

Pas de surprise dans ce programme de droite libérale assumée. François Fillon d’ailleurs assume tout, la dernière affaire en date révélée ce week-end, les costumes offerts par un généreux mécène : "Et alors", répond-il. Le "Penélopegate" : Fillon dit ne pas se faire d’illusion sur de sa  mise en examen dans deux jours, mais il est sûr aussi que son innocence sera reconnue in fine.

Quant à son programme, c’est celui des primaires à peu de chose près. Il renoue avec la rupture de Sarkozy de 2007, "la vraie rupture" selon ses mots. Dans son vocabulaire, une autre expression très années 40, "le redressement du pays", mais il emprunte aussi à François Hollande son "choc de compétitivité". François Fillon dit être le seul à incarner un espoir. Voilà pour le vocabulaire.

Le programme des primaires et rien d’autre

Rien de vraiment nouveau dans ce programme. On le sait, l’addition est très libérale et salée :100 milliards d’économies, 50 milliards d’allégement d’impôts dont 40 pour les seules entreprises, la suppression d’un demi-million de fonctionnaires, le retour aux 39 heures pour tous et à la retraite à 65 ans, la suppression pure et simple de l’ISF et la hausse de 2 points de TVA.

Ses objectifs : parvenir au plein emploi qu’on ne connaît plus depuis 40 ans, avec 7% de chômage, des finances publiques équilibrées qui nous permettraient de nous désendetter et le retour d’une croissance à 2%. Le programme est libéral, la thérapie des finances publiques une thérapie de choc, celle qu’il n’avait pas pu mettre en place il y a 10 ans à cause de la crise.

Coup de pouce aux salaires modestes

Petit, très petit coup de pouce au pouvoir d’achat en baissant les charges sur les salaires modestes, de l’ordre de 8 milliards d’euros, soit un gain de 350 euros par an pour un salarié, 700 euros pour un couple. François Fillon ne touche pas aux taux de TVA intermédiaires, mais il fait passer le taux principal de 20 à 22%. Autrement dit, il finance son programme dans le porte-monnaie du consommateur.

Il ne touche ni à l’assurance vie, ni au Livret A et instaure une déduction fiscale de 30% pour ceux qui investissent dans les PME. L’ISF est remplacé par le prélèvement libératoire de 30% sur les revenus du capital.

Enfin, côté entreprises, il veut  ramener l’impôt sur les sociétés à 25% au lieu de 33% aujourd’hui.  Non, ça n’est pas du Macron mais certaines mesures, notamment en faveur des entreprises, y ressemblent.

Agir vite

La plupart des mesures seront prises en 100 jours, car Fillon veut aller vite et prévoit de gouverner par ordonnance. Sur le plan européen, il veut aligner le coût des travailleurs détachés sur ceux des nationaux. Il laisse filer le déficit et espère encore une fois l’indulgence de l’Europe vis-à-vis de la France au vu des réformes qu’il veut engager. Pour lui, la relance de l’Europe passe par davantage de dépenses militaires et un nouveau projet franco-allemand, que ni Chirac, ni Sarkozy, ni Hollande n’ont réussi à proposer.

Non, son projet n’est pas plus à droite qu’avant, dit-il. D’ailleurs, ceux qui l’avaient quitté sont revenus. Fillon, empêtré dans les affaires se fige dans la position du défenseur de la droite décomplexée. Avant même Marine Le Pen, il a en ligne de mire un adversaire qui lui siphonne les voix du centre droit, Emmanuel Macron, pour lui un hologramme de François Hollande en plus jeune, bref un Hollande bis.

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