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Le décryptage éco. Fillon ultra-libéral ?

François Fillon est-il, en économie, le libéral, voire l’ultra-libéral que la gauche et certains de ses adversaires dénoncent ?

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
François Fillon, arrivé en tête du premier tour de la primaire à droite arrive à son siège de campagne à Paris dimanche 20 novembre. (GONZALO FUENTES / AFP)

Pour vous tenter de vous répondre, il faut regarder d’abord, dans l’histoire de François Fillon, dans ce qui l’a constitué personnellement, voire intimement. Et là, on tombe sur un paradoxe apparent, François Fillon a eu un grand mentor, il fut le disciple passionné de Philippe Séguin, un gaulliste jusqu’au bout des ongles, qui fit campagne contre le traité de Maastricht et la monnaie unique en opposant, le peuple et les élites.
Et qui avait une fibre sociale très forte, très caractéristique. On peut d’ailleurs rappeler que François Fillon fut ministre du travail et qu’il l’est l’un des meilleurs connaisseur du système social en France. Donc en politique, François Fillon n’est absolument pas né, dans la famille politique de celui qui a incarné et incarne encore pour l’histoire le libéralisme le plus revendiqué, le plus théorisé, c’est à dire Alain Madelin. Fillon ne vient pas du tout de cet horizon-là et il n’a rien d’un idéologue enflammé. François Fillon explique lui même que c’est au cours de son long passage à Matignon pendant cinq ans, qu’il a fait sa mue libérale. J’ai d’ailleurs retrouvé cette explication que François Fillon donne de lui même :  " Je ne suis pas devenu libéral par choix idéologique. Je suis devenu libéral, en économie, parce que je constate aujourd’hui l’accumulation, par tous les gouvernements, de contraintes qui sont devenues insupportables ". Et par insupportables, entendez insoutenables, pour François Fillon la France ne peut plus continuer de dépenser beaucoup plus qu’elle ne collecte, au risque pour le coup d’une affaiblissement, d’une sorte de faillite, il avait prononcé le mot, on s’en souvient, très peu de temps après sa nomination comme Premier ministre.

Le programme Fillon, promet bien un choc libéral ? 

L’idée de François Fillon est bien de produire un choc. Un choc comme la droite française d’ailleurs en a souvent rêvé, mais qu’elle n’a jamais fait. S’il a bien eu de courtes parenthèses libérales quand la droite a eu le pouvoir, elle s’est montrée le plus souvent tout aussi interventionniste, dirigiste et dépensière que la gauche. Donc oui, François Fillon représente bien en ce sens une rupture, une rupture libérale avec ce qu’il propose aujourd’hui qui se manifeste dans plusieurs mesures emblématiques qui touche au fonctionnement de l’Etat : une diminution des dépenses publiques de 100 milliards d’euros, la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, une baisse d’impôt de 40 milliards d’impôts pour les entreprises, et de 10 milliards pour les ménages ou encore le retour des 39h dans la fonction publique et l’alignement des régimes de retraites des fonctionnaires sur ceux du privé. Ce programme là est pour la droite française sans précédent. Et sa philosophie est fondée sur un diagnostic et elle porte vraiment la marque Fillon : il ne s’agit pas de démanteler l’Etat ou de l’affaiblir, mais de le sortir du marasme financier, de lui redonner de l’agilité, de la puissance, et de la pertinence dans un monde qui a changé. Au fond, Fillon considère que le balancier est allé trop loin en terme de dépenses et de réglementations, que la France se met en danger et qu’il faut lui administrer une purge pour la sauver.

Même Alain Juppé considère que cette purge est trop radicale, trop violente et que les Français ne l’accepteront pas…

Oui, ce sera à l’évidence l’angle d’attaque privilégié d’Alain Juppé contre François Fillon. Juppé qui comme Fillon a été premier ministre, partage une partie du diagnostic, une partie de la méthode d’ailleurs aussi mais il ne met pas le curseur au même endroit. Il prévoit par exemple deux fois moins de suppression poste de fonctionnaires. A l’évidence, Juppé a gardé en mémoire l’échec de 95 et le souvenir d’une France paralysée. Fillon estime au contraire que les Français ont beaucoup changé et sont murs pour des réformes radicales. C’est aussi ce pari que les électeurs de la droite et du centre devront arbitrer et trancher dimanche prochain.


Fillon ultra-libéral ? par franceinfo

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