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Le décryptage éco. Erasmus pour les apprentis, comment ça peut marcher ?

Il faut booster Erasmus. Le député européen Jean Arthuis remet vendredi ses propositions à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Lancement du projet Erasmus apprentis entre la France et l'Allemagne, le 23 novembre 2015, au quai d'Orsay à Paris. (MAXPPP)

Le député européen Jean Arthuis remet vendredi 19 janvier à la ministre du travail Muriel Pénicaud des propositions pour booster le programme Erasmus Pro à destination des apprentis. Si depuis 30 ans on connaît bien le programme européen d’échange des étudiants, popularisé notamment par L’auberge espagnole de Cédric Klapish, le volet professionnel, pour ceux qui préparent des CAP, est aujourd'hui encore très peu utilisé. On estime ainsi qu’un peu moins de 7 000 jeunes en apprentissage et contrats de professionnalisation sont partis en 2017, contre 43 000 étudiants dans les filières générales. Et quand ils partent, les apprentis restent à peine quelques semaines, contre plusieurs mois pour les jeunes en Erasmus classique.

Un besoin de simplification et de réciprocité

L’ancien ministre centriste de l’Economie a donc fait de la relance de ce dispositif son cheval de bataille. Parmi les pistes proposées au gouvernement, une bonne partie concerne des problèmes administratifs qu’il faut lever. L’apprenti est lié à son employeur par un contrat de travail et forcément quand le jeune part à l’étranger, le maître d’apprentissage n’a pas envie de devoir continuer à lui verser son salaire, ni à en être responsable.

Jean Arthuis propose plusieurs simplifications du code du travail, afin que l'échange soit neutre pour l’employeur, que le jeune n’y perde pas, qu’il y ait un maintien de salaire, d’une couverture sociale, etc. Jean Arthuis insiste sur la réciprocité du système. Ce qui veut dire plus de jumelage entre les centres de formation des apprentis (CFA) des différents pays, mais aussi une reconnaissance des diplômes. Car par exemple, un CAP de mécanique à l’étranger n’est pas reconnu en France aujourd'hui.

Des avantages pour l'apprenti, pas forcément pour l'employeur

L’idée, derrière tout ça, est de faire baisser le chômage des jeunes qui reste très élevé en France, mais aussi de donner une image plus valorisante de l’apprentissage, qui n’est pas perçu comme une voie d’excellence. De montrer que c’est aussi une façon d’apprendre les langues, d’être dans la mondialisation. D’ailleurs, les taux d’insertion, qui sont déjà élevés pour les apprentis, le sont encore plus lorsque ces jeunes ont une expérience à l’étranger.

Mais c'est là l'une des difficultés pour l'entreprise, qui doit gérer l’absence dans du jeune pendant plusieurs mois. Certains patrons vont jouer le jeu, un peu comme un engagement citoyen, mais ça risque de coincer pour pas mal d’employeurs. L’autre limite, c’est pour que cela marche, il faut que les autres pays européens s’engagent eux aussi. Et pas sûr que cela soit suivi partout.

Malgré ces freins, le gouvernement vise 15 000 Erasmus Pro français par an d’ici la fin du quinquennat. Les propositions Arthuis seront reprises dans la loi sur la réforme de l’apprentissage.


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