Le décryptage éco. Dans les grands magasins, les salariés plébiscitent le travail le dimanche
Le travail du dimanche dans les grands magasins parisiens était l’une des mesures phares de la loi Macron. Le décryptage de Vincent Giret.
L’année 2017 marque l’entrée en vigueur du travail du dimanche dans les grands magasins parisiens. C’était l’une des mesures phares de la loi Macron et il semble bien que la situation se soit débloquée.
Quelques négociations devraient aboutir dans les prochains jours, notamment à la Fnac, mais la plupart des grands magasins parisiens ont finalement réussi à trouver un accord avec leurs salariés, parfois dans les dernières heures de l’année 2016.
Une mesure très controversée
Le travail du dimanche avait suscité l’une des controverses les plus vives de la loi Macron, un débat de société souvent passionné. Il est intéressant de voir ce qu’en disent désormais les salariés concernés et de regarder la nature des accords qui ont été négociées, et notamment les contreparties.
Prenons le cas concret d’un des plus grands magasins parisiens, les Galeries Lafayette, boulevard Haussmann à Paris. Classé dans le périmètre d’une zone touristique internationale, ce grand magasin ouvrira donc désormais tous les dimanches de l’année, là où autrefois il lui fallait des dérogations spéciales du maire pour ouvrir les dimanches de décembre ou lors de la période des soldes.
Premier point important : 92% des salariés des Galeries Lafayette se sont portés volontaires pour travailler le dimanche. 92%, c’est énorme, et cela met une grosse pierre dans le jardin des syndicats qui s’y sont opposés. Deuxième point très important, près de deux salariés sur trois se sont portés volontaires pour le nombre maximum de dimanche travaillé autorisé par l’accord, c’est-à-dire huit dimanches en 2017. Cela ressemble à un plébiscite.
Des compensations pour les salariés ?
Le premier point, c’est ce plafond de huit dimanches travaillés au maximum. Il y a donc une limite. Ensuite, syndicats et salariés se sont mis d’accord pour définir trois options possibles.
Option numéro une, le dimanche est payé double et offre une journée de repos supplémentaire. Deuxième option : le dimanche est payé comme un autre jour mais il permet alors de prendre deux jours de congés supplémentaires. Enfin dernière possibilité : le dimanche n’est pas payé, mais le salarié obtient cette fois trois jours de repos en compensation qu'il choisit quasi-librement.
Une grande flexibilité appréciée
C’est cette flexibilité qui a permis de répondre aux souhaits différents des salariés : ceux pour qui la priorité est le pouvoir d’achat et ceux qui souhaitent récupérer plus de temps libre pour le consacrer à des activités ou à leurs enfants.
Enfin, cet accord prévoit également des renforts soit 1 000 embauches en CDI, dont la moitié réalisée par les marques présentes dans ce grand magasin, des salariés qui ne travailleront que trois jours par semaine, samedi-dimanche-lundi ou vendredi-samedi-dimanche, soit 25 heures payées 32, et cela va concerner surtout des jeunes qui ont besoin d’argent pour se payer leurs études ou tout simplement pour vivre normalement.
L'écart immense entre le terrain et le débat politique
S’il y a une leçon à tirer, c’est qu’il y a toujours un écart considérable, un monde même, entre le tumulte de la rue et les jeux du théâtre politique national d’un côté, et la réalité du terrain, des salariés concernés et de la négociation sociale de l’autre.
Quand syndicats et direction sont capables de s’engager dans un dialogue social de qualité, des accords sont possibles, où chacune des parties semblent trouver son avantage à travers des modalités parfois très créatives. Il ne s’agit pas bien sûr de banaliser le travail du dimanche, cela reste un jour particulier, même si, désormais, près de 30% des salariés français travaillent parfois ou assez régulièrement le dimanche.
Ces accords conforteront tous ceux qui pensent qu’il faut donner davantage de liberté aux salariés et aux entreprises pour pouvoir négocier directement ce qui les concerne. Voilà un beau sujet, un cas d’école même qui devrait, à coup sûr, revenir dans la campagne présidentielle et sans doute même dans les débats de cette semaine de la primaire de la gauche.
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