Le décryptage éco. Clinton-Trump : le procès de la mondialisation
Dans la nuit du lundi 26 au mardi 27 septembre, lors du débat si attendu entre Hilary Clinton et Donald Trump, le premier terrain de débat et d’affrontements a été l’économie.
Ce qui était saisissant, dans ce débat entre Hillary Clinton et Donald Trump, c’est que dès la première partie du débat, les deux candidats se sont affrontés très vivement sur la mondialisation, sur les effets nocifs du commerce mondial, du libre échange et de la globalisation. Trump a fait le procès de la mondialisation. Il fallait parfois se pincer pour y croire, mais oui on est bien aux Etats-Unis, on assiste bien à un débat entre les deux prétendants à la Maison Blanche. Voilà un pays qui a été le fer de lance de la mondialisation, qui l’a théorisée, développée, mise en pratique avec de multiples accords régionaux, et où le climat général se retourne. S’il fallait juste une image, un moment, pour symboliser les tourments de l’Amérique d’aujourd’hui, et la fin d’un cycle auquel nous assistons, et bien ce pourrait être ces premiers échanges entre Hillary Clinton et Donald Trump. Jamais on avait entendu de la part d’un candidat à la Maison Blanche, qui plus est Républicain, une telle charge, une telle critique aussi violente contre la mondialisation et le libre-échange.
Donald Trump qui a ainsi tout fait pour enfermer sa rivale dans la caricature bobo du village mondial, associant son mari Bill Clinton à cette Amérique ouverte, trop ouverte sur le monde et notamment sur ces deux pays agités comme des épouvantails par Donald Trump, le Mexique et la Chine, la Chine qui est accusée d’être un pays voyou qui manipule sa monnaie et ne respecte aucune des règles du commerce mondial. Et sur ce terrain, Hillary Clinton a eu du mal à faire entendre ses arguments. Elle a d’ailleurs elle même consenti à infléchir son discours. Elle met aujourd’hui des conditions strictes à la signature de nouveaux accords de libre-échanges.
La mondialisation, un thème très populaire
D’abord, parce que la crise est passée par là. Ce thème est aujourd’hui très populaire, car oui, si globalement les Etats-Unis ont largement profité de la mondialisation des échanges, il y a eu aussi des dégâts et des perdants : la concurrence chinoise a eu, par exemple, des conséquences dramatiques sur plusieurs grands bastions industriels américains. Et les emplois détruits n’ont pas été et ne seront pas compensés de sitôt. Trump l’a bien compris. C’est d’ailleurs aussi ce qu’avait dit le rival malheureux de Clinton, Bernie Sanders, certes dans un tout autre registre. Et c’est ce qui explique très largement le vent de colère contre le libre-échange venu notamment de la classe moyenne blanche, celle à laquelle s’adresse justement, prioritairement Donald Trump. Et même si Clinton remportait la course à la Maison Blanche, on peut penser qu’il sera très difficile de conclure à l’avenir une nouvelle génération d’accords de libéralisation commerciale.
Les baisses d'impôts pour les plus riches défendues par Donald Trump
Trump n’est pas à un paradoxe près. Il a repris d’ailleurs une théorie, celle du "trickle down", littéralement la théorie du ruissellement. C’est une vieille théorie libérale qui affirme qu’il est bon qu’une société compte beaucoup de riches, car leur fortune "ruissellera" le long de la pyramide sociale et fertilisera toutes les couches successives sous forme de consommation, d’investissements, d’emplois, etc ; le problème, c’est que le miracle tant attendu du "trickle down", du ruissellement, ne s’est jamais vraiment produit. Mais aux Etats-Unis qui ne ressemblent à aucun autre endroit du monde, on peut encore y croire. Ou tenter de le faire croire. Mais, sur ce sujet aussi, on n’est plus dans les années 80, les Américains ont beaucoup changé.
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