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Le décryptage éco. Brexit : les constructeurs automobiles européens inquiets

Les négociations sur le Brexit sont toujours dans l’impasse et les constructeurs européens automobiles s’alarment des répercussions sur les consommateurs. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
Le marché automobile européen s'est effondré au mois de septembre 2018 et craint les répercussions du Brexit. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

L'Association des constructeurs européens d'automobiles qui représente les 15 principaux constructeurs européens de voitures, de fourgonnettes, de camions s’inquiète du risque d'une absence d'accord qui menacerait leur modèle économique. Il faut bien se rendre compte : chaque jour, plus d’un millier de camions de l'Union européenne traversent la Manche pour se rendre dans des usines de voitures et de moteurs au Royaume-Uni. Forcément, s’il n’y a pas d’accord, cela va avoir des coûts importants parce qu’il y aura l’instauration de droits de douanes.  

Des droits de douanes pourraient augmenter le prix des voitures

On peut le craindre, car si aucun accord n'est conclu, ce seront les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui s’appliqueront : les véhicules seront taxés à hauteur de 10 %, et les pièces à hauteur de 3 à 4 %. La Fédération britannique des constructeurs a déjà calculé que des droits de douanes de 10 % renchériraient de 3 000 euros le coût des véhicules construits au Royaume-Uni et vendus en Europe. Il n’y a pas que ça : les constructeurs disent que les délais pour passer les douanes, même s’ils sont courts, vont provoquer des perturbations et bousculer le processus de production. Et comme vous le savez, en économie, le temps, c’est de l’argent.

Les consommateurs probablement mis à contribution

Les marges bénéficiaires du secteur sont inférieures à 10%. Donc, il y a deux solutions : soit ces coûts seront absorbés par les fabricants, soit ils seront répercutés sur le consommateur. Ou alors ce sera un mixte des deux, les constructeurs répartissant la charge, en en prenant une partie à leur compte, et en faisant payer l’autre au client.. Au final de toute façon, le consommateur risque de payer. Pour le moment, les constructeurs cherchent surtout à anticiper les conséquences du Brexit et réfléchissent à des plans de secours. Par exemple, ils recherchent des espaces pour stocker leurs pièces détachées. Mais forcément, là encore, ce stockage n’est pas gratuit.

De possibles arrêts de production dans un marché en difficulté

Certains constructeurs vont plus loin et prévoient carrément des arrêts de production. Par exemple, l’allemand BMW, qui est le troisième fabricant de voitures au Royaume-Uni, a déjà prévenu qu'en cas de Brexit sans accord spécifique pour l'automobile, tout le monde serait au chômage technique pour un mois dans ses usines d'Oxford ! Devant l’incertitude que représente le Brexit, les constructeurs gèlent tous leurs projets depuis plusieurs mois, ce qui pénalise la filière alors que la période est déjà difficile pour le marché automobile. Au mois de septembre, le marché automobile s'est effondré au sein de l'Union européenne. Les constructeurs ont enregistré une chute de plus de 23% des nouvelles immatriculations par rapport à il y a un an.

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