Le décryptage éco. Brexit : une date mais encore beaucoup de flou
Brexit : la date du début des formalités de divorce est annoncée, ce sera en mars 2017. La rupture est sans retour et les mariés dans le flou.
Cent jours après le référendum, Theresa May a voulu rassurer son camp, les Conservateurs, en congrès depuis dimanche 2 octobre à Birmingham. Un camp divisé entre les partisans d’un Brexit dur et ceux d’un Brexit plus négocié. Elle a donc annoncé qu’elle déclencherait l’article 50 avant la fin du mois de mars prochain.
Et, rappelle Theresa May, la Grande-Bretagne est entrée unie en Europe, elle en sortira unie : pas question de laisser la bride sur le coup à ces europhiles d’Ecossais ou d’Irlandais. Pas question non plus de négocier un Brexit à la sauvette. La Grande-Bretagne veut en faire une réussite.
Dans les chancelleries, on peaufine déjà, les élements de langage comme : "We are leaving the EU, but we are in Europe", autrement dit il faudra, quand même, compter avec nous. Theresa May veut, dans dix ans, un pays prospère, sans contraintes et champion du libre-échange. La Grande-Bretagne ne veut rien lâcher pour l’instant sans vraiment dévoiler ses intentions.
Des entreprises préparent leur déménagement
Sauf que le travail est titanesque et que le monde économique n’a pas vraiment le temps d’attendre. La moitié des exportations du Royaume-Uni vont vers l’Europe et il s’agit, pour les entreprises britanniques, de protéger leurs intérêts. Les trois quarts des chefs de grandes entreprises se disent déjà prêts à déménager leur siège ou une partie de leurs activités vers l’Union.
La France n’est pas la dernière à leur faire les yeux doux. 5 500 sociétés britanniques et 8 000 entreprises européennes, banques et assurances principalement, sont concernées par la perte du passeport européen, ce passeport financier qui permet aux entreprises britanniques d’exercer en Europe et vice-versa. Et ceux qui voulaient s’installer hier au Royaume-Uni penchent maintenant pour l’européenne Irlande. Les entreprises n’attendront pas que la Grande Bretagne ait quitté l’Union en 2019, avant les élections européennes. L’enjeu économique et financier est trop important.
L'administration britannique recrute
Les négociations du Brexit seraient-elles un rémède au chômage ? Côté britannique, on recrute, on veut étoffer l’équipe de 200 personnes dédiées au Brexit pour porter leur nombre à 500. On cherche des juristes, des économistes, des spécialistes du commerce international. Côté Européen, 600 fonctionnaires sont mobilisés sous la houlette de l’ancien commissaire Michel Barnier. On connaît son hostilité à la City, qui représente à elle-seule 12% du PIB britannique.
Les négociations du Brexit vont probablement durer au-delà des deux ans nécessaire à la sortie du Royaume-Uni, afin de définir un nouveau statut. Et leur coût sera faramineux. Aujourd’hui, la Grande-Bretagne est intransigeante, notamment sur le contrôle de l’immigration, elle exige un statut particulier mais donne l’impression de ne pas vraiment savoir ce qu’elle veut, on verra si au fil du temps, elle obtiendra le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière.
Brexit : une date mais encore beaucoup de flou par franceinfo
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