Le décryptage éco. Après la réforme du code du travail, le gouvernement veut lancer très vite celle de l'assurance-chômage
La réforme de l'assurance-chômage doit introduire un volet sécurité, après celle du Code du travail qui introduit de la flexibilité. Le décryptage de Fanny Guinochet.
La réforme de l'assurance chômage est le nouveau chantier auquel s’attaque le gouvernement. "La France est mûre pour inventer une flexisécurité à la française", a dit Muriel Pénicaud, la ministre du Travail. Après la flexibilité instaurée par les ordonnances, et qui met un peu de monde dans la rue, place donc au volet sécurité du nouveau modèle social qu’Emmanuel Macron veut construire.
Pendant la campagne, il a promis d’offrir des filets de sécurité aux travailleurs, pour que ce ne soit plus seulement les salariés qui aient des indemnités chômage quand ils perdent leur job, mais aussi les indépendants, les actifs qui ont de nouvelles formes de travail – les chauffeurs Uber, les livreurs Deliveroo. Son idée est aussi de permettre à tous les salariés qui démissionnent de toucher les indemnités chômage.
Le coût de la réforme au cœur des interrogations
Les modalités de la réforme restent à définir. Et du coup, cela va concerner beaucoup de monde. L’Unédic, l’organisme qui gère l’assurance chômage, a déjà tiré la sonnette d’alarme. Cette réforme est généreuse mais pourrait couter cher.
On peut craindre par exemple une hausse des démissions, même si Emmanuel Macron a prévu de limiter cette possibilité à une fois tous les cinq ans.
Durant la campagne, les équipes d’Emmanuel Macron avaient estimé les nouveaux droits à 1,5 milliard d'euros pour les démissionnaires et à 1 milliard d’euros pour les indépendants. Mais des think-tanks ont fait leurs calculs : avec eux, la facture double voire triple. Impossible à absorber pour l'Unédic qui a déjà un "trou" annuel de plus de 3 milliards d'euros et une dette cumulée de 35 milliards d'euros !
Un contrôle accru des chômeurs qui attise les tensions
Emmanuel Macron souhaite également contrôler davantage les chômeurs. Il a promis pendant la campagne, par exemple, de vérifier que les inscrits à Pôle Emploi cherchent bien un job. Emmanuel Macron le dit, et le répète, il n’aime pas les fainéants.
Cette idée des contrôles ne plait pas aux syndicats. D’ailleurs, ils ne sont pas très favorables à cette réforme. Ils craignent que les chômeurs et les salariés y perdent. Avec eux, le gouvernement va lancer dans les prochains jours une concertation, comme pour les ordonnances. Cette fois, la réforme se fera via un projet de loi classique, prévu pour le printemps prochain.
Le chiffre du jour. 0,75 %, c’est le taux du livret A que le gouvernement va garantir pendant un ou deux ans. Il dit s’engager à ce qu’il ne baisse pas. Pas sur que cela enchante les 61 millions de détenteurs du livret A, dont le niveau reste historiquement bas et dont les fonds servent essentiellement à financer la construction de logements HLM.
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