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La reprise économique repoussée ?

Près d’un mois après les attentats, la Banque de France a révisé hier à la baisse ses prévisions de croissance : y-a-t-il un risque que la reprise tant attendue s’évanouisse ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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C’est la question qui agite le petit milieu des économistes, et la question est d’autant plus importante, que 2016 devait être l’année du rebond, l'année où la croissance se traduit enfin par des créations d’emplois et une diminution du chômage. C’est dire si les chiffres sont aujourd’hui analysés avec la plus grande attention. La banque de France, a répondu, la première à votre question Fabienne : oui, les attentats auront un impact, ils ont déjà même un impact et l’institution financière a donc réduit de 0,1% sa prévision de croissance pour ce trimestre, le dernier de l’année, dont la dynamique passerait donc de 0,4% à 0,3. La banque de France chiffre plus précisément le coût pour le Pib, le produit intérieur brut, un coût de 500 millions d’euros. D’autres annonces ont suivi : Air France, par exemple, a révélé hier, que les attentats avaient déjà provoqué un manque à gagner pour la compagnie de plus de 50 millions d’euros, le taux de remplissage de certaines lignes venant des Etats-Unis ou du Japon par exemple a baissé de manière brutale, Air France jure que les réservations de décembre repartent, mais dans les faits, c’est toute l’industrie du tourisme qui s’inquiète : le patron d’un grand palace parisien me confiait cette semaine que son taux de fréquentation ne dépassait pas les 30%, autant dire qu’à ce niveau, un grand hôtel de luxe n’est tout simplement pas rentable. Le risque majeur, c’est une chute durable des recettes touristiques, en particulier à Paris.

Jusqu’où pourrait aller cette dégradation ?

Pour l’instant, cette dégradation en terme de croissance est limitée. Mais les économistes craignent un autre scénario, déjà observé dans des pays frappés par le terrorisme : quand les attentats se succèdent à intervalles plus ou moins réguliers, quand le virus de la peur et de l’insécurité gagne les esprits, alors les comportements des ménages et des entreprises commencent à changer : on se déplace moins – tous les moyens de transports l’ont déjà remarqué ces trois dernières semaines - on consomme moins, on diffère des investissements petits ou grands. On n’en est pas encore là, mais le risque existe bel et bien.

Alors quel sera le taux de croissance de la France en 2016 ?

1,5% répond la banque de France, d’autres économistes sont plus pessimistes et tablent sur 1,3 ou même 1,2%. Car le problème, Fabienne c’est que le terrorisme n’est pas le seul facteur à plomber le climat général. D’autres réalités comptent même bien davantage : les perspectives mondiales se sont assombries en quelques semaines, le ralentissement des économies émergentes est plus brutal que prévu, le commerce mondial patine, les investissements restent faiblards. Tout le monde révise à la baisse ses prévisions. En France, on attendait beaucoup du CICE, qui a déjà permis de redresser la rentabilité de nombreuses entreprises, mais les projets d’équipement tardent à se concrétiser : on attendait en 2015 un rebond de 7% des investissements des entreprises, il ne sera que d’1 petit %. La France risque de réaliser en 2016 à nouveau l’une des plus faibles performances de l’Union européenne.

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