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La réforme territoriale : vers un accroissement des inégalités entre territoires ?

Economistes, chercheurs, responsables politiques et chefs d’entreprise sont réunis ces jours-ci à Montpellier pour les rencontres du journal Le Monde. Une grande question occupe les débats : est-ce-que la réforme sur la nouvelle organisation territoriale, qui sera d’ailleurs débattue la semaine prochaine à l’Assemblée, va favoriser la croissance et le développement économique ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© Christophe Abramowitz)

 C’est la grande question : ces créations de grandes régions, de métropoles vont-elles favoriser l’activité ? Ces sujets, croissance, territoires, transformation de la ville,  sont au programme à Montpellier. Lors de la première journée d’échanges, les participants se sont demandé si la France n’allait pas connaître ce qui frappe les Etats-Unis depuis près de 30 ans et qu’un économiste a appelé « la grande divergence », c’est-à-dire une accumulation, une captation de richesses par une poignée de grandes villes au détriment des petites communes. On a assisté là-bas à une hyper-concentration des diplômés, des hauts salaires, des entreprises, des universités dans une poignée de villes, laissant de côté les territoires dans un appauvrissement voire un dénuement assez généralisé.

Ce mouvement, cette logique, commencent à apparaître en France, certes de manière moins intense. On a aussi chez nous, le risque de voir se dessiner deux France : l’une avec les grandes métropoles (il y en a 12 désormais) qui concentrent effectivement toutes les richesses et l’autre, celle des territoires périurbains et ruraux qui rassemblent les difficultés et les taux de chômage les plus élevés.

Peut-on et doit-on freiner ce mouvement de concentration des richesses ?

Il faut bien prendre la mesure du phénomène. En France, les douze métropoles concentrent déjà près de la moitié des créations de richesses du PIB, la majorité des créations d’emplois aussi et 70% par exemple des dépôts de brevet. Il ne faut certainement pas casser cette dynamique.

C’est comme pour la mondialisation : on dit que le pire n’est pas la mondialisation, mais de ne pas y être. Le pire aujourd’hui pour un territoire n’est pas l’affirmation d’une métropole ou même de deux métropoles comme dans le cas de la future grande région Languedoc-Roussillon / Midi-Pyrénées regroupant Toulouse et Montpellier, le pire serait une région sans grande métropole. Reste que ces inégalités entre territoires, ou au sein-même des territoires sont un sacré défi pour les politiques publiques.

Pour lutter contre ces inégalités, les nouvelles technologies et l’Internet peuvent-ils être utiles ?

On l’a cru un temps, en permettant le travail à distance, on a pensé que ça pourrait corriger ces effets de concentration et donc permettre de localiser des emplois dans des territoires plus éloignés mais en fait pas du tout. Internet participe aussi à cette polarisation. Tous ces nouveaux métiers sont dans l’interaction, dans le contact et ont besoin d’être physiquement concentrés.

On n’a pas encore trouvé la solution magique, mais les débats se poursuivent encore ce vendredi.

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