La loi Macron provoque un psychodrame
S’il fallait une preuve que ce pays est un peu au bord de crise de nerfs, la journée d’hier en a multiplié les signes, j’allais même dire les symptômes. Des Français parmi les plus privilégiés qui défilent dans les rues de Paris, une majorité qui s’étripe comme si un simple projet de loi allait imposer un changement de régime, sinon de société, une ancienne ministre socialiste qui sort de son silence pour nous annoncer qu’elle part en guerre contre ses camarades accusés de vouloir mettre en oeuvre « une régression sociale », une opposition qui n’a rien fait en la matière mais qui trouve que le gouvernement en fait décidément trop peu… En France, on aime se faire peur et rien ne marche mieux que d’agiter le grand chiffon rouge – si j’ose dire – du libéralisme. Cette déjà fameuse loi Macron bouscule bien des conservatismes, mais c’est le travail du dimanche – tabou suprême – qui a mis le feu aux poudres.
Huit millions de Français travaillent déjà le dimanche
8 millions de Français travaillent ce jour de la semaine de manière occasionnelle ou plus régulière, dans des catégories sociales très diverses, des boulangers aux médecins, des simples vendeurs aux responsables de grands magasins, des agriculteurs, des chauffeurs de taxis, des infirmières, même des journalistes et bp d’autres. Travailler le dimanche n’est déjà plus du domaine de l’exception.
Le travail du dimanche est aujourd’hui très encadré. Qui demande un assouplissement des règles ?
Des chefs d’entreprises, pas tous d’ailleurs, disent que c’est important, voire même parfois vital pour leur activité. Pardon, mais on voit mal pourquoi on ne leur accorderait pas un peu de crédit en la matière, je ne vois pas pourquoi ils pousseraient le vice jusqu’à ouvrir le dimanche si cela n’était pas intéressant au plan économique. Quand le patron de la Fnac, Alexandre Bompard, dit que son concurrent Amazon, la grande enseigne en ligne, fait 25% de son chiffre d’affaires le dimanche, on comprend bien pourquoi la Fnac veut ouvrir ses magasins ce jour là. Quand les enseignes de luxe de certains quartiers de Paris, dont l’essentiel de la clientèle est étrangère, réclament des dérogations pour ouvrir le dimanche, c’est qu’elles se fondent sur des études de marchés précises.
Travailler le dimanche n’est pas anodin
Oui vous avez raison, même si les temps sociaux se sont transformés. Mais là, il faut regarder la loi en face : elle propose non pas de généraliser le travail du dimanche, mais de passer de 5 à 12 dimanches ouverts par an, et la loi dit surtout que c’est aux maires de décider, en fonction du tissus social et économique et de son choix. Enfin, il y a aussi une obligation de compensations financière prévue par la loi.
Mais je voudrais terminer sur 2 points :
1 – Pourquoi dans ce pays on n’expérimente pas : on essaie un changement des règles, si ça marche et que chacun y trouve son compte, en fonction du lieu, des habitudes, de la nature des commerces, on garde. Et si ça ne marche pas, on arrête. L’expérimentation encadrée devrait être la règle.
Enfin, il faudrait aussi être capable de faire confiance aux acteurs de terrain, aux responsables locaux, au plus près des réalités, eux seront certainement capables de trouver des compris. Il faut cessez de vouloir régenter d’en haut. Dans de très nombreux pays, l’Etat encadre, donne quelques règles générales, mais il laisse surtout les acteurs de terrain décider.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.