La guerre des taxis : une mutation de l'économie
Oui, c’est une histoire totalement emblématique des bouleversements à l’œuvre dans de très nombreux secteurs économiques. Il faut d’abord expliquer ce qu’est d’Uber, c’est une entreprise californienne, qui n’existait pas il y a seulement cinq ans. Elle est valorisée aujourd’hui par les marchés à près de 25 milliards de dollars. Pour entrer sur le marché du taxi, pour se tailler une place dans un secteur où de vieux acteurs verrouillent le marché, il faut arriver avec des innovations, des nouveaux services, pour séduire tout de suite un public : c’est exactement ce qu’a fait Uber : Uber, c’est d’abord une application pour Smartphone, qui apporte de la géolocalisation, un système de paiement automatisée par carte bancaire ce qui fait vous n’avez pas de cash à sortir, la facture vous ait envoyée par mail avant même que vous quittiez le véhicule, un système de notation des chauffeurs et des clients. Et hier, on a appris, que Paris allait être le lieu choisi par Uber pour une nouvelle innovation : ça s’appelle UberPool : vous pouvez choisir une option sur votre application, l’option Poll lors de la commande, pour dire que vous êtes prêt à partager le trajet avec un autre passager : résultat, si Uber en trouve un, vous payer moitié prix, et si Uber n’en trouve pas, vous avez une ristourne de 10% : c’est écolo, c’est rationnel, c’est bon marché. Autant dire que ce nouveau service devrait plaire surtout auprès des jeunes.
Pourquoi dites-vous que c’est emblématique des mutations de l’entreprise et de l’économie aujourd’hui ?
On le voit bien avec Uber, les deux mots d’abord qui caractérisent ces bouleversements, sont accélération et asymétrie.
1 – L’accélération, parce qu’il y a une énorme vague d’innovations technologiques qui est en train de transformer les entreprises, et leurs marchés. Et ces innovations technologiques permettent d’apporter de nouveaux services.
2 – L’autre mot, c’est l’asymétrie : vous pouvez avoir un tout petit qui s’attaque à un très gros. Une star up qui menace une grande entreprise installée depuis toujours, ou un secteur économique entier. C’est exactement ce qui se passe dans le domaine des taxis. C’est une situation très classique dans l’histoire économique, une situation qui se répète à chaque grande période ou grappe d’innovations, disent les économistes.
Oui, mais ça ne se passe pas toujours très bien : dans le cas d’Uber, les compagnies de taxis traditionnels résistent et ont attaqué Uber pour concurrence déloyale, donc ce n’est pas acquis encore ?
Oui, vous avez raison, ça résiste, mais, même s’il pourrait y avoir des coups d’arrêt, c’est un combat perdu d’avance à moyen terme. L’histoire montre qu’on ne résiste pas très longtemps à l’innovation. Et plus encore à un nouveau courant porteur de l’économie et du capitalisme : l’économiste américain Jeremy Rifkin, estime que le capitalisme va muter, qu’il va laisser – en partie moins, la place à une économie de l’échange et du partage dans lesquels les coûts de certains services vont diminuer très fortement. Uber comme beaucoup d’autres, s’inscrit dans une dynamique qui est en train de redessiner notre économie.
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