La Grèce et son 3ème plan d'aide
Toujours la même chose, plus d’impôts et moins de dépenses publiques, la recette de l’austérité ne varie pas. Le document fait plus de 400 pages avec des mesures comme la fin des pré-retraites, la généralisation de la retraite à 62 et 67 ans, la fin des privilèges fiscaux des agriculteurs, une augmentation de la taxe spéciale armateurs, des paiements de l’impôt par anticipation pour les commerçants. Et puis un train de libéralisation des secteurs de la pharmacie, de la boulangerie, chez les notaires et les ingénieurs. Surtout, un nouveau calendrier de privatisations qui doit rapporter six milliards d’euros, et concerne les ports du Pirée, de Thessalonique, les chemins de fer, et les aéroports.
Les européens ont fixé un cadre budgétaire ambitieux voire impossible à la Grèce
L’objet de ces mesures, c’est de produire un excédent budgétaire de 0,5 % en 2016 et 3,5% en 2018 hors remboursement de la dette. Les Grecs vont devoir chercher de l’argent partout. Ils sont même venus à Paris voir comment faire pour récupérer l’argent des fraudeurs fiscaux et depuis la fermeture des banques, la Grèce, pays du paiement en liquide s’il en est, se convertit à la carte bancaire. Plus d’un million ont été émises depuis fin juin, des cartes traçables et taxables. Bref, il faut remplir les caisses à tout prix.
Car la Grèce a besoin de 3,2 milliards d'euros dès mardi pour rembourser la Banque centrale européenne. Elle a deux autres échéances vis-à-vis du Fonds monétaire international en octobre et décembre. L’Eurogroupe va-t-il lui débloquer la totalité de ce troisième plan ou juste un prêt relais ? Réponse normalement ce vendredi soir. L’Allemagne, dont le Parlement doit se prononcer sur ce plan d’aide, a exprimé ses doutes. Tsipras veut éviter ce prêt relais pour ne pas replonger dans une crise sans fin. Le feuilleton est loin d’être fini.
Ce troisème plan est-il de nature à sortir la Grèce de l’ornière ?
Personne n’y croit. Même punition, même motif mais le malade est mal en point . Les salaires et les retraites ont presque été divisés par deux, le contrôle des changes isole le pays du reste de la zone euro. Du coup, les PME grecques ont perdu la moitié de leur recettes le mois dernier, elles vont avoir du mal à rembourser leur prêt et les 40 milliards d’euros qui ont fui la Grèce depuis décembre ne reviendront pas. Le secteur bancaire est à sec et à un besoin urgent de recapitalisation. Reste le fonds européen qui devrait venir booster l’économie grecque ; 35 milliards d’euros, 20 % de son PIB, ce n’est pas rien , sauf que c’est encore bloqué. Bref, l’Europe qui remet sans cesse son ouvrage sur le métier s’enlise aussi dans la crise grecque.
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