La France et la Chine : ça va mieux
Disons que ça va mieux, nettement mieux, dans l’état d’esprit, dans la qualité de la relation, et donc dans nos échanges économiques. Au départ, il faut bien le dire, la France avait raté la première étape, c’est à dire l'entrée de la Chine dans la mondialisation et son industrialisation. Un ratage dû autant à une fébrilité politique qu’à un manque d’audace économique. Angela Merkel est par exemple tout aussi ferme que nous sur la question du Tibet ou des droits de l’homme, mais elle sait mieux que nous jouer des rapports de force, sans tapage médiatique. Ce retard initial ce lit encore dans les chiffres : quand notre part de marché en Chine tourne autour de 1%, et bien l’Allemagne fait presque cinq fois mieux. D’autant que ce retard français se double d’un déséquilibre : la Chine reste le 1er poste du déficit commercial français : nous lui achetons beaucoup plus que ce que nous parvenons à lui vendre.
Que s’est-il passé ?
D’abord les Français et les Chinois se sont mieux apprivoisés, ils y mis du temps et de l’énergie. Il y a eu de nombreuses visites officielles et les Chinois y sont particulièrement sensibles. Les deux pays ont fêté le cinquantième anniversaire de leurs relations diplomatiques, on se souvient du geste visionnaire du général de Gaulle. Le voyage de Manuel Valls vient clore ces cérémonies qui se sont déroulées toute l’année. La deuxième raison de cette amélioration, c’est que la nouvelle étape économique chinoise devrait nous être plus favorable. La Chine ne veut plus se contenter d’être l’atelier du monde, en achetant par exemple des machines outils allemandes, elle veut enfin s’affirmer comme le premier marché du monde : cette nouvelle phase est celle de l’émergence d’une immense classe de consommateurs urbains : et là, la France à une nouvelle carte à jouer, et pas simplement dans le luxe, c’est tout une gamme de produits "made in France" qui deviennent potentiellement très attractifs. Plus de 40 chefs d’entreprises français accompagneront Manuel Valls, et au moins une quinzaine d’accords devraient être conclu pendant ce voyage.
Il y a eu en sens inverse, des investissements chinois spectaculaires en France
Absolument, là aussi il y a avait un retard à l’allumage, François Hollande lors de sa visite officielle en Chine il y a un peu plus d’un an avait exhorté les Chinois à investir davantage en France. Et bien ça commence à bouger comme le prouvent trois gros dossiers : il y a d’abord eu le sauvetage de notre constructeur automobile PSA par le chinois Dongfeng : Menacé par la faillite, Peugeot a pu ainsi se relancer et produit aujourd’hui plus de véhicules en Chine qu’en France. Et il y a eu une autre belle affaire conclue il y a quelques jours entre le club Med et le chinois Fosun, notre fleuron des vacances familiales, plutôt mal en point, va changer de dimension grâce aux classes moyennes chinoises. Enfin, et ce fut plus controversé, les Chinois ont acquis une part déterminante de l’aéroport de Toulouse, il vont y faire de gros investissements, dans une ville et dans une région qu’ils connaissent bien, puisque c’est aussi celle d’Airbus. Un bon présage, sans doute, pour faire enfin décoller les relations de la France avec cette toute nouvelle première puissance mondiale.
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