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La droite espagnole peut-elle garder le pouvoir ?

En Espagne, à trois jours d’élections législatives aussi ouvertes que décisives, les grands partis s’écharpent sur les questions économiques : l’austérité fait encore débat. La droite peut-elle conserver le pouvoir ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Le Parti populaire, à droite, au pouvoir depuis quatre ans, est certes en tête dans les intentions de vote mais il aurait beaucoup de mal à constituer une majorité, tant le paysage politique devrait être bouleversé dimanche soir en Espagne.

Insultes et menaces dans la classe politique

Pour la première fois depuis l’instauration d’un régime démocratique dans les années 1970, ce n’est plus deux, mais quatre partis qui se disputent le pouvoir. Deux nouveaux trublions ont émergé, avec à leur tête une nouvelle génération qui veut bousculer la politique espagnole, à gauche, avec Podemos, né du mouvement des Indignés, et plus encore au centre droit, avec Ciudadanos, qui veut dire citoyens.

Son président n’a que 36 ans. Et c’est l’économie qui fait débat, tant l’Espagne a souffert et souffre encore de la crise financière de 2008 qui l’avait terrassée. L’enjeu est tel que cette campagne se déroule dans un climat extrêmement tendu.

Le Premier ministre candidat à sa succession Mariano Rajoy a même reçu un coup de poing au visage ce mercredi, alors qu’il faisait campagne dans une rue piétonne. Quant aux débats télévisés, ils sont le lieu d’affrontements certes seulement verbaux, mais très violents, avec insultes et menaces réciproques à un niveau jamais atteint depuis 40 ans.

une politique qui commence aussi à donner ses fruits

Sur le plan économique l’enjeu ce sont les effets et la poursuite d’une politique d’austérité. Cette politique à la fois très durement touché les Espagnols, beaucoup se sont appauvris, mais elle commence aussi à donner ses fruits : l’Espagne a battu un record de croissance pour un grand pays en Europe, avec 3,1% en 2015, le double de la moyenne européenne.

Depuis plus d’un an, l’Espagne créé massivement des emplois, plus de 100 000 par mois, dans tous les secteurs. L’économie espagnole est redevenue compétitive et attire désormais les investisseurs.

La croissance devrait certes un peu ralentir en 2016, mais garder un niveau qui ferait rêver en France, avec une prévision de 2 et demi %, soit l’une des toutes premières performances en Europe. C’est ce bilan là que défend le premier ministre conservateur.

Un autre pays se dessine

Cependant pas sûr que cela suffise parce que l’Espagne a bien conscience de vivre un moment historique, une sorte de "moment-charnière". C’est un autre pays qui se dessine, sept ans après le début de la crise. Car en Espagne, trois crises se sont conjuguées : une crise sociale dont le pays n’est d’ailleurs pas encore sorti, il faut quand même souligner que le taux de chômage reste supérieur à 20% - , une crise territoriale avec des revendications d’autonomie qui demeurent très fortes, et enfin, une crise morale et politique tant le fléau de la corruption a éclaboussé toutes les institutions et les partis traditionnels.

Il y a désormais dans ce pays une énergie nouvelle, on le voit dans les indicateurs économiques, mais aussi une soif de changement, de renouvellement, une volonté d’électrochoc qui a fait émerger sur la scène de nouvelles générations, de nouvelles têtes, de nouvelles forces politiques.

C’est avec elles qu’il faudra compter dimanche soir pour bâtir une majorité et revivifier la démocratie en Espagne, pays, et il faut le souligner, sans extrême-droite.

Vincent Giret, du journal Le Monde.

sur Twitter @VincentGiret

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