La belle histoire de Medtech et de ses robots médicaux
Après une semaine de révélations abracadabrantesques, j’ai pensé que cela nous ferait du bien de terminer la semaine sur une belle histoire, vraie bien sûr, en vous racontant une très belle réussite française, dont on vient juste d’avoir les derniers résultats. MedTech, c’est son nom, une start up basée à Montpellier, qui conçoit, fabrique, et commercialise des petites merveilles technologiques, des robots médicaux utilisés dans la chirurgie du cerveau et de la colonne vertébrale. Je vais vous donner un seul exemple pour bien comprendre l’utilité de ces robots : pour lever des fonds, et s'adresser à des investisseurs étrangers, le jeune fondateur de MedTech diffuse désormais un petit film très spectaculaire : on y voit une petite fille de deux ans, américaine, dont les parents nous expliquent qu’elle souffre depuis son plus jeune âge, de crises d’épilepsie à répétition : jusqu’à 100 crises par jour. Les médecins américains décident de l’opérer, une intervention ultra-délicate à l’intérieur même du cerveau de l’enfant. Et ça marche, on voit ainsi, quelques mois plus tard, des images de cet enfant et de ces parents, joyeux, souriants : les crises d’épilepsie ont totalement disparu. Les médecins le confirment : il leur aurait été impossible de réussir cette opération sans le robot français.
Et qu’est-ce que nous apprend cette start-up française?
La première leçon, c’est que tout est possible, à condition d’une grande détermination. Jugez plutôt : Bertin Nahum, le fondateur de Medtech, est né à Dakar, de parents originaires du Bénin, il arrive à l’âge d’un an dans une banlieue lyonnaise, où son père, comptable de formation, a ouvert une épicerie avec sa femme pour élever leur huit enfants. Orphelin à 14 ans, l’adolescent est lors confié à la Ddass. Mais repéré et encouragé par un prof de math, il réussit à intégrer une école d’ingénieur, l’Insa, à Lyon où il se passionne pour la high tech médicale. Et dix ans plus tard, après un passage par plusieurs entreprises de service, Bertin veut monter son propre projet, il vend sa voiture, et se lance dans l’aventure entrepreneuriale.
Et aujourd’hui, où en est Medtech ?
C’est un énorme succès. Le chiffre d’affaires de Medtech va tripler cette année, pour atteindre les 20 millions d’euros, les robots français équipent déjà 32 hôpitaux aux Etats-Unis, 9 en Chine, 18 en Europe, une dizaine en France après un gros retard à l’allumage due à une certaine frilosité française. Medtech a déjà vendu 10 robots au premier trimestre 2016, et Bertin Nahum vient d’embaucher 40 commerciaux à New York, tout en gardant à Montpellier ses équipes de recherche et de développement. Que manque-t-il à la France pour développer des succès comparables ? Invité du Club du Monde de l’économie, Bertin Nahum avait répondu d’un mot : la confiance. "Nous n’osons pas assez, par manque de confiance en nous". Notre système produit d’excellents ingénieurs et chercheurs, il y a même désormais un début de politique publique cohérente en faveur de start-up.
Bref, le mal est en réalité bien davantage dans la tête qu’on ne le croit. Et ça, je ne suis pas sûr que ce soit un robot qui puisse venir à bout d’un état d’esprit souvent trop défaitiste. Mais l’exemple de Bertin Nahum devrait pouvoir donner des idées et surtout de l’envie.
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