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La baisse des impôts : vérité ou mensonge ?

La grande question politique et économique de la rentrée, c’est la baisse des impôts : "ce n’est plus une promesse mais un engagement", a dit le Premier ministre. Question, Vincent, qui pourrait en profiter et est-ce que ça pourrait débloquer enfin la croissance ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
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C’est l’annonce surprise, le tube de cette rentrée. Cette baisse des impôts n’était pas franchement programmée, et on le sait, c’est une idée estivale du Président dont chacun connaît la passion fiscale. Je peux vous dire qu’actuellement à Bercy, c’est la course contre la montre, il faut faire vite, on teste différentes hypothèses, on cherche les marges de manœuvre, sans défaire ce qui était déjà acquis dans la préparation du budget 2016 ; c’est à dire:

1 - la poursuite de la baisse des impôts pour les entreprises, avec une nouvelle tranche d’au moins sept milliards et demi pour pousser les entreprises à investir, c’est l’application du pacte de responsabilité.

Et puis 2ème élément acquis : l’engagement de la France auprès de ses partenaires européens de réduire son déficit à 3,3% du Pib en 2016. S’ajoute donc maintenant, une troisième exigence, présidentielle, un signe fiscal adressée aux classes moyennes, ces fameuses classes moyennes dont Arnaud Montebourg disait à juste titre hier qu’elles avaient été très malmenées ces dernières années.

Les classes moyennes, c’est à la fois un peu flou et ça représente beaucoup de monde, alors qui pourrait être concerné par ce geste fiscal ?

La piste qui tient la corde pour l’instant, c’est de faire un geste sur l’impôt sur le revenu. Il faut savoir déjà que moins de la moitié des foyers fiscaux paie aujourd’hui cet impôt sur le revenu. Ce n’est pas beaucoup. Et le gouvernement a encore diminué le nombre de gens qui le payaient, en décidant l’an dernier de supprimer la première tranche de cet impôt, c’est à dire celle des contribuables les plus modestes. Supprimer une autre tranche n’est tout simplement pas possible : le risque est trop grand de diminuer ainsi à l’infini le nombre d’assujettis à un impôt aussi important. Donc, il faudra cibler des allègements, en fonction de la situation du foyer. Avec quels critères ? C’est trop tôt pour le dire. Tout dépend de la somme que l’Etat est prêt à dégager pour financer cette fameuse baisse d’impôt.

Mais l’Etat a les moyens de financer cette baisse d’impôt ?

L’Etat peut faire des choix et limiter des dépenses pour financer cette baisse d’impôt. Mais le gouvernement a déjà prévu près de 20 milliards d’économies sur les dépenses publiques l’an prochain et ça paraît difficile d’improviser de nouvelles coupes. Donc, le gouvernement va s’en remettre une fois encore, à la croissance. Bercy et la plupart des économistes prévoient un léger mieux en 2016, avec un point et demi de croissance. Pas de quoi financer un gros cadeau fiscal donc. Cette baisse d’impôts modeste, forcément modeste, n’aura donc pas d’impact macro-économique à même de doper le pouvoir d’achat et donc la croissance. Cette annonce vise surtout à calmer la gauche du parti socialiste, à créer une sorte d’objet politique pour tenter de préserver les allégements de charges dont bénéficient les entreprises, ces fameux allègements que les frondeurs voudraient voir remis en cause et sur lesquels François Hollande a fondé une bonne partie de sa politique économique.

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