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Grèce : la voie de la guérison

François Hollande est en visite officielle Grèce depuis hier soir. C’est la deuxième fois qu’il se rend en Grèce mais cette fois il est accompagné par des grands patrons qui envisagent d’investir en Grèce. Le pays serait sur la voie de la guérison.
Article rédigé par franceinfo
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Le malade va un peu mieux. Plus de ministre de l’Economie tonitruant à Bruxelles comme cet été. Varoufakis est sorti du jeu, remplacé par ministre beaucoup plus discret. La Grèce ne fait plus parler d’elle. Il s’y passe même des choses étonnantes. La secrétaire générale aux recettes publiques, c’est un organisme indépendant, vient d’être limogée pour avoir fait une fleur à des chaines de télévision et une entreprise, passibles de fraude fiscale. Le gouvernement trouve inacceptable que des serviteurs de l’Etat œuvrent contre l’intérêt public. C’est un discours qu’on n’avait pas entendu jusqu’ici. Pour Pierre Moscovici, le commissaire européen en charge de l’Economie, "Tsipras a fait sa mue", et pour son homologue Dombrovski, chargé de l’euro," la Grèce semble sur la bonne voie".

Le lent retour de la confiance

Un certain nombre de choses changent en Grèce. Le blocage des capitaux a incité les grecs à se convertir à la carte bleue et à limiter l’argent liquide.  Les déclarations fiscales sont désormais informatisées. Bercy a aidé à construire un meilleur système fiscal. Les élections de septembre ont permis à Tsipras de prendre de la distance vis-à-vis de son aile gauche la plus dure et d’adopter plusieurs trains de réformes. Une loi vient d’augmenter les taxes, avec une TVA à 23 %. Mi-novembre, le gouvernement s’attaquera une nouvelle fois aux retraites. Il reste quand même à faire rentrer dans le pays les 40 milliards d’euros qui en sont sortis durant les six premiers mois de l’année. Mais la banque nationale grecque a arrêté l’hémorragie, les dépôts sont repassés dans le vert, un semblant de confiance revient. La Grèce  suit l’accord de juillet à la lettre, pour pouvoir toucher à la fin du mois trois nouveaux milliards du prêt que l’Europe lui a consenti cet été.

Bijoux de famille à vendre

La chine a racheté les ports, l’Allemagne les aéroports, la Russie a signé un projet de gazoduc, le Qatar lorgne sur une mine d’or et sur le gaz. Même Johnny Depp a acheté une ile. La France  est toujours le 4ème investisseur étranger, avec sur place une centaine de filiales de sociétés et 12.000 salariés. Elle ne veut pas manquer les bonnes affaires des  privatisations qui doivent rapporter en tout 50 milliards à l’Etat grec. D’où la présence, aux côtés de François Hollande, de cinq grands patrons français. Alsthom est intéressé par les trains, Vinci par les autoroutes. Le marché est vaste, tout est à vendre ou presque en Grèce. Mais les grecs ne sont toujours pas à la fête, la dette se monte encore à près deux fois le PIB, le chômage touche toujours un quart de la population active, et si le déficit public (2,6 % du PIB) est moins important que le nôtre, la route va être encore très, très longue. La Grèce espère de l’Europe, et sans bruit, un réaménagement de sa dette, et une rallonge de 330 millions d’euros pour les centaines de milliers de migrants arrivés cette année sur ses côtes. Ça va être difficile de lui refuser.

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