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Grèce : à quoi joue le FMI ?

C’est à nouveau le grand blocage entre la Grèce et ses créanciers… Les négociateurs se sont quittés mercredi soir sans accord. Les discussions ont repris depuis. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras accuse le FMI de torpiller les négociations. Est-ce vrai ? A quoi joue le FMI ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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 Rien ne va plus effectivement entre la Grèce et le FMI. Le Premier ministre grec s’est même lâché hier soir sur Twitter en accusant le Fonds Monétaire International d’avoir un agenda caché, de jouer la politique du pire. Alexis Tsipras avait déjà affirmé que le FMI avait une responsabilité "criminelle", c’était son expression, dans le drame que vit, depuis 5 ans, son pays, il est donc, hier soir, revenu à la charge.

Il est vrai que le FMI est le plus intransigeant des trois créanciers de la Grèce, mais le paradoxe c’est que le FMI est également le seul à entendre la grande exigence, la grande demande des dirigeants grecs en faveur d’une restructuration de la dette. Le FMI ne cesse de dire, comme les Grecs, que cette dette n’est pas soutenable, qu’un véritable accord sur le fond du dossier, un accord pérenne, qui ne soit pas du bricolage, pour régler une fois pour toutes le problème de la Grèce, doit non seulement comporter des mesures de bonne gestion, de rigueur, une remise en ordre des comptes, des dépenses et des recettes, mais aussi un volet sur l’allègement de la dette. Il faut rappeler que la dette grecque atteint 320 milliards d’euros, soit un niveau lunaire de près de 180% du PIB grec. On sait que les Allemands et la banque centrale européenne ne veulent pas en entendre parler à ce stade.

Mais si le Fonds monétaire international est d’accord avec les Grecs sur la dette, pourquoi Tsipras et ses amis s’en prennent-ils alors au FMI ?

C’est parce que si Angela Merkel doit convaincre ses députés, en fait Christine Lagarde, la patronne française du FMI doit convaincre les 188 pays qui composent le Fonds Monétaire International. Il faut rappeler qu’en 2010, au tout début de la crise grecque, le FMI s’était fait prier pour participer à un premier plan d’aide à la Grèce. Les négociateurs du Fonds savaient déjà très bien que l’accord n’était pas soutenable avec un tel niveau de dette. Il ne s’y est résigné que parce qu’il y avait alors le feu dans la zone euro et qu’un risque systémique de contagion existait alors.

Voilà pourquoi aujourd’hui, les négociateurs du Fonds ne veulent pas un nouveau bricolage politique mais un assainissement général, en gros moins de hausses d’impôts et plus de réformes de structures. Madame Lagarde répète par exemple, au grand dam des Grecs, que le niveau des retraites qui atteint en Grèce 17% du PIB, contre 13% en moyenne en Europe, est beaucoup trop lourd, insoutenable financièrement et qu’il faut donc un nouveau système de retraites dans lequel les cotisations et les pensions soient relativement équilibrées. C’est à ce prix, et seulement à ce prix, qu’on pourrait imaginer réduire la charge, il est vrai démesurée, de cette dette. Voilà ce que dit le FMI, mais on le sait, toucher davantage aux retraités est jugé inacceptable par Alexis Tsipras.

N’y a-t-il donc pas d’issue à ce blocage-là ?

Comme tout le monde répète que la Grèce ne doit pas sortir de l’euro, on finira peut-être par trouver un accord de façade. En tout cas, il ne peut pas y avoir d’accord séparé avec les trois créanciers. Les Grecs devront s’entendre aussi avec le FMI dans le cadre d’un accord global, ou alors il n’y aura pas d’accord du tout. Décidément, la Grèce et le drame, c’est toute une histoire.

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