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Division du pays, chute de la livre, risque de récession : les défis de Theresa May

La nouvelle locataire du 10 Downing Street, Theresa May, prend aujourd’hui la succession de David Cameron. Elle a de nombreux défis à relever, sauvegarder l’unité du pays, négocier le Brexit mais d’abord faire face à ses conséquences dont les premiers signes sont déjà là.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

Tous les hommes se sont défilés. Cameron, Johnsson, Farage ont jeté l’éponge après la bataille. C’est donc bien une femme, Theresa May, qui va devoir faire le ménage derrière eux. Et les conséquences du Brexit sont déjà là. La note britannique a été dégradée par deux agences sur trois, la nuit du Brexit a couté autant que la faillite de Leman Brother’s à l’économie mondiale, la livre a déjà plongé de 15 % face au dollar et à l’euro, réduisant d’un coup le pouvoir d’achat et des retraités et des britanniques juste avant les vacances, l’immobilier, hier encore en plein boom, est en pleine panique, six groupes financiers ont dû fermer temporairement, incapables de répondre aux demandes des investisseurs de récupérer leur mise, la construction patine et dans les services, l’activité s’est ralentie. Theresa May va d’abord devoir faire face à un risque de récession.

Négocier et rassembler

Son premier boulot sera de réconcilier un pays coupé en deux, et ça, sans être passée par les urnes, c’est-à-dire les législatives que les Travaillistes réclament déjà à cor et à cri. Avant même son entrée au 10 Downing Street, elle est déjà sommée par la chancelière allemande, l’Irlande et l’Eurogroup de clarifier sa position car les conséquences du Brexit vont peser sur la croissance de la zone euro l’an prochain. Une perte estimée de 0,2 à 0 ,5 point par le commissaire européen, Pierre Moscovici. Pas sûr que les Européens aient la patience de supporter une trop longue période d’incertitude qui tire l’économie européenne vers le bas. Et si faire du Brexit un succès comme le promet Theresa May signifie avoir le beurre et l’argent du beurre, pas sûr non plus que les Européens la suivent comme ils ont suivi Thatcher et son "I want my money back ". Theresa May a beau signifier qu’il n’y aura pas de tentative de rester dans l’Union, toute la question est de savoir combien va coûter le divorce.

Préserver la City

Celle que l’on prend souvent à tort pour un clone de Thatcher est passée par la banque d’Angleterre. C’est donc dans la défense des intérêts de la City qu’elle pourrait être la plus redoutable. Il y a urgence car des banques placent déjà leurs avoirs sur le continent européen et certains services financiers se sont déjà délocalisés. Tapies dans l’ombre, les bourses de Francfort, Paris et Amsterdam attendent la chute d’une City qui représente 12 % du PIB britannique. Opiniâtre et bosseuse, austère et difficile mais aussi eurosceptique, Theresa May n’est pas forcément Madame Parfaite. Aux yeux de beaucoup de Britanniques, au ministère de l’Intérieur, bien qu’elle l’ait dénoncée, elle a accompagné la politique de poursuite de l’immigration de David Cameron. En plus de gérer la négociation du Brexit, elle devra aussi faire face aux velléités de départ de l’Ecosse et de l’Irlande au risque d’être celle qui transforme la Great Britain en Little Britain. Là, on serait en plein naufrage.

 

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