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Crise grecque : peut-on croire à un accord de dernière minute ?

Nouveau rebondissement mardi à Bruxelles, la Grèce est revenue à la table des négociations avec une ultime proposition, qui doit à présent être examinée par ses créanciers. Est-ce qu’un accord est encore possible ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
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 Oui, bien sûr, un accord est encore possible entre la Grèce et ses créanciers. On sait que l’Europe, qui est une machine à fabriquer des compromis, aime ces négociations dramatiques au bord du gouffre, jusqu’au petit matin. Elle s’en est même fait une spécialité.

Personne en plus ne veut porter le chapeau d’un possible échec, chacun des participants repasse à son voisin le flacon ou plutôt le baril de nitroglycérine. La nitroglycérine est une matière très sensible à la friction, aux chocs, aux élévations de température et aux étincelles, il y a tout ça aujourd’hui à Bruxelles, donc la situation demeure extrêmement dangereuse.

Que sait-on à 4 jours d’un référendum décisif ? On sait 3 choses :

 Les Grecs sont bien revenus à la table des négociations. On a suffisamment critiqué le fait qu’ils aient claqué la porte vendredi soir, pour ne pas se réjouir aujourd’hui de leur retour. C’est donc une bonne nouvelle, même si on sent bien qu’il y a un peu de panique dans le camp d’Alexis Tsipras.La Grèce est depuis minuit, en défaut partiel, puisqu’elle n’a pas réglé les 1,6 milliard qu’elle doit au FMI, auquel elle a donc demandé un nouveau délai.Les Grecs ont donc une nouvelle proposition, qui contient trois demandes, trois exigences.

Quelles sont ces trois demandes grecques ?

La première est une demande récurrente de la Grèce depuis le début : Tsipras défend l’idée d’un accord global, qui englobe donc un engagement des créanciers sur une nouvelle restructuration de la dette grecque. Pas d’accord possible sans une ouverture claire sur ce sujet ultra-sensible. Et là, les Grecs ont sans doute raison, chacun sait cette dette insoutenable.

L’Europe a commis l’erreur de disjoindre les deux dossiers : d’abord les mesures d’assainissement, de bonne gestion et de stimulation de l’économie, puis ensuite, peut-être, un éventuel geste sur la dette. C’est une position qui n’est pas, ou qui n’est plus tenable en l’état. Pour des raisons aussi bien économiques que politiques, Tsipras ne peut revenir devant ses électeurs s’il n’obtient pas un début de résultat sur cette dette qui étrangle son pays. 

Et les deux autres demandes ?

La première consiste en une extension, très courte, du deuxième plan d’aide à la Grèce, et la deuxième est celle d’un nouveau prêt – sur deux ans seulement – un prêt de 30 milliards d’euros auprès du fameux fonds de secours européen, qu’on appelle le Mécanisme européen de stabilité (MES). Ces 30 milliards, c’est essentiellement pour payer ses dettes envers ses créanciers dans l’intervalle.

30 milliards en plus, ça fait beaucoup, ont dit hier soir les créanciers et il faudrait en plus que ce soit validé par des parlements nationaux et là le temps est court, trop court. On en revient un peu à la case départ : avec quelles garanties, quelles réformes, quelles contreparties grecques ? Ce n’est pas donc pas gagné. Mais l’échec serait une telle folie, un tel gâchis, une telle irresponsabilité collective, qu’on a encore envie d’y croire un peu.

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