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Bayer - Monsanto : le "mariage infernal"

Ce jeudi matin, dans le décryptage éco, Vincent Giret décrypte le rachat spectaculaire annoncé hier de l’américain Monsanto par le groupe allemand Bayer. Une méga-fusion explosive.

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Bayer rachète Monsanto (PATRIK STOLLARZ / AFP)

Bayer qui rachète Monsanto, c’est véritablement une fusion explosive, qui déchaine déjà les passions et pas simplement en Allemagne ou aux Etats-Unis. Et cela pour au moins trois raisons.

Une fusion entre entreprises sur des activités ultra sensibles

Cette fusion s'opère sur des activités ultra-sensibles, en raison des secteurs concernés : Bayer + Mosanto, ce sera le 1er groupe mondial producteur de semences, d’engrais et de pesticides, des domaines qui touchent à notre vie quotidienne, à la fois à notre assiette, à notre santé, à la biodiversité, et à la préservation de la planète. Le développement des biotechnologies, aussi utiles soient-elles, suscite de nombreuses interrogations, de nombreuses inquiétudes. Donc, ces secteurs sont extrêmement surveillés, par toutes les autorités sanitaires et de régulations, par des ONG, par des agriculteurs et leurs syndicats, et même par l’opinion publique mondiale. Et je vais y revenir.

Une fusion quasi-politique 

Le groupe allemand Bayer va donc se marier avec l’un des industriels les plus détestés, les plus controversés de la planète, l'épouvantail Monsanto, symbole de l’agrobusiness, des OGM et de ses dérives. Savez-vous qu’il y a chaque année une marche mondiale contre Mosanto, qu’un collectif d’ONG et d’associations internationales, dont certaines françaises d’ailleurs - militent pour qu’un tribunal international juge et condamne un jour Monsanto pour  "Ecocide", un néologisme qui associe deux mots, écologie et génocide, donc pour crime contre la nature et l’humanité. Aucune entreprise dans le monde n’a polarisé autant de conflits, ni de détestation.

Des agriculteurs manifestent leur inquiétude 

 C’est la troisième raison pour laquelle ce deal est si sensible, il y avait six grands acteurs sur ce marché, six grandes entreprises, il n’y en aura plus que trois à la fin de l’année car on assiste à un vaste mouvement de concentration. Donc trois acteurs seulement vont se partager l’essentiel du marché des semences, des engrais et des pesticides. Trois acteurs au lieu de six, et bien c’est moins de concurrence, donc les prix des semences et des pesticides vont augmenter, presque à coup sûr. Dès hier, le président d’un grand syndicat  d’agriculteurs américains s’en inquiétait.

Les risques encourus par cette mégafusion

Il y a clairement un risque pour ce  "mariage infernal" comme l’ont déjà qualifié certains. Toutes les autorités de la concurrence aux Etats-Unis, en Europe, et en Asie vont éplucher ce dossier. C’est d’ailleurs pourquoi le coup du rachat est si élevé : 59 milliards d’euros, jamais un groupe allemand n’avait déboursé une telle somme pour acquérir une entreprise étrangère. Et il y a une clause spéciale dans le contrat : si l’affaire capotait, Bayer devrait dédommager Monsanto et lui verser quelques deux milliards d’euros. Monsanto a négocié ferme pour être protégé, justement, dans l’hypothèse où ça ne passerait pas. On peut ajouter qu’en Allemagne, le débat s’est déjà enflammé depuis hier : le choix de Bayer est extrêmement critiqué. L’Allemagne est le pays où l’opposition aux OGM est la plus farouche. Donc clairement, la bataille n’est pas terminée.


Bayer - Monsanto : le "mariage infernal" par franceinfo

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