Banques européennes : un été meurtrier ?
L’été est généralement propice aux crises financières. Cette année, pas de crise du bath thaïlandais ou du rouble, mais des interrogations autour de la viabilité d’une partie du système bancaire en Europe.
Deux banques ont particulièrement attiré l’attention hier. L’allemande Commerzbank a prévenu que son bénéfice 2016 serait inférieur à celui de l’an dernier. Et la banque italienne Monte dei Paschi – la plus vieille de la planète – pour qui les autorités ont dû mettre en place un plan de sauvetage à la hâte.
Allemagne, Italie… les symptômes identiques ?
Les explications sont différentes mais fragilisent l’ensemble du secteur car elles jettent la suspicion sur les autres établissements financiers.
Pour expliquer ses perspectives de résultats inférieurs à ce qui était prévu, l’allemande Commerzbank invoque le niveau très bas des taux d’intérêt. S’ils favorisent l’investissement, les taux bas pénalisent le rendement bancaire puisque les établissements de crédit prêtent à moindre coût, ce qui entame leurs marges.
Conséquence : l’action Commerzbank atteint son plus bas historique. Depuis le début de l’année, l’action a perdu plus de 45% de sa valeur.
Et dans le cas de la banque italienne ?
Le secteur bancaire italien plie aujourd’hui encore sous 360 milliards d’euros de créances douteuses (20% du PIB de l’Italie).
Dans ce paysage, les analystes estiment que, pour tenir le coup, la banque Monte dei Paschi a besoin d’une augmentation de capital de 5 à 10 milliards d’euros.
Peut-on parler de situation explosive ?
Pour en avoir le cœur net, l’Autorité bancaire européenne vient de faire passer à 51 grandes banques de l’Union un stress-test, l’équivalent du crash-test pour les voitures : on place les banques devant différents scénarii de crise et on regarde si elles résistent.
Bilan : douze établissements se sont montrés particulièrement vulnérables, dont les deux principales banques allemandes, Deutsche Bank et Commerzbank. En revanche, pas d'inquiétude pour les établissements français dont le niveau de solvabilité est jugé suffisant.
Dans l’ensemble, cela montre que la situation reste problématique malgré tous les efforts censés avoir été réalisés depuis la dernière crise financière. Le système est plus solide qu'avant mais reste vulnérable.
Entre les taux d’intérêts très bas qui pénalisent leur rentabilité, et les conditions de sécurité financières imposées par le législateur pour résister à la crise, les banques vont devoir encore faire des efforts pour améliorer leur situation.
Et on n’a peut-être pas encore tout vu car les conséquences d’un éventuel Brexit ne figuraient pas parmi les scénarii retenus dans les derniers stress-tests. Rendez-vous donc au prochain épisode.
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