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Après le Brexit : l'Allemagne toujours plus dure

La presse allemande annonçait mercredi que Berlin envisagerait pour toute réforme de l’Union Européenne des règles budgétaires encore plus dures pour les Etats. Histoire de rendre l’Europe encore un peu moins populaire.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
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Franceinfo (Franceinfo)

C’est le quotidien économique Handelsblatt qui en parlait et qui remettait au premier plan un personnage que détestent beaucoup d’Européens du sud : le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble. Lors de la crise grecque, son entourage avait déjà travaillé au scénario d’un Grexit qui n’a pas eu lieu. Après le Brexit, ses conseillers seraient aujourd’hui en train de plancher sur des règles budgétaires encore plus dures pour les Etats de la zone euro. Jusqu’ici la commission avait le pouvoir de faire des recommandations sur les budgets des Etats. Eh bien ce vendredi, dans le projet du ministère des finances allemand, elle pourrait avoir le pouvoir de rejeter ces mêmes budgets. Ne plus être maître chez soi de son propre porte-monnaie, perdre cette souveraineté- là, on imagine déjà le grain à moudre que cela donnerait aux populistes. Y aurait- il une propension allemande à aller dans le mur envers et contre tout. On ne se le demande plus.

Arrières pensées électorales

Dans ce projet, la Commission ne serait plus qu’un gendarme aux ailes rognées et au périmètre réduit à la protection des traités. Mais à côté de ça, il y aurait  un organisme indépendant, une sorte de fonds monétaire européen, qui pourrait voler au secours des Etats sans l’aide et ni la participation du FMI et de la  BCE, une sorte de troïka si appréciée par les Grecs, purement européenne qui permettrait de surveiller et punir. Tout le contraire de ce que préconisent les sociaux- démocrates allemands et leur ministre Steinmeyer, qui avec Jean-Marc Ayrault parlaient dimanche dernier d’ajuster les politiques économiques aux pays et de bâtir un budget européen commun. La petite musique des divisions politiques allemandes, des intérêts nationaux n’aura donc pas mis longtemps à revenir sur le devant de la scène. Quand on sait comment ça a réussi à Cameron, on doute.

Il est urgent d’attendre ?

Cet après-Brexit va aussi se dérouler à Berlin sur fond d’année électorale,  avec une chancelière le nez sur les sondages et pour laquelle il est urgent d‘attendre. Après une telle déflagration dans le ciel européen, c’est le scénario du pire. Angela Merkel est persuadée, tout comme Schäuble, que l’orthodoxie budgétaire est la clef de la réussite de la zone euro, tant pis si cette politique et son ministre qui l’incarne sont honnis par de nombreux Européens à commencer par les Grecs. Comme certains à Bruxelles, Merkel espère peut être que ce scénario de l’attente donnera aux Britanniques l’occasion de ne jamais déposer leur demande de sortie de l’Union. Car avec le départ des Britanniques c’est son deuxième marché à l’export et un de ses alliés, libéral qui s’en irait. Angela Merkel, comme toujours, croit en cette stratégie de l’immobilisme. En laissant du temps au temps, elle pourrait à terme apparaître encore une fois comme le sauveur de l’Europe, à moins que cette fois-ci, elle ne finisse par en être le fossoyeur.

 

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