Airbus et Safran dans la guerre des étoiles
La fusée d'Elon Musk a décollé vendredi à 7h30 de Cap Canaveral en Floride en emportant un satellite japonais. Elle est revenue sur terre sans encombre. La course s’accélère et le président d’Arianespace, Stephane Israël, redoute aujourd'hui clairement que la guerre des prix sur ce secteur des fusées ne soit assassine pour nous.
C'est dans ce contexte qu'Airbus et le groupe de haute technologie Safran ont finalisé cette semaine les modalités de rapprochement de leurs activités lanceur de satellites. L’unité sera effective, normalement, dans le courant de l’été, une fois franchis quelques derniers obstacles administratifs et fiscaux.
A quoi ressemblera cette nouvelle entité ?
La coentreprise réunira les actifs d’Airbus et de Safran dans les lanceurs spatiaux pour permettre à la nouvelle version de la fusée européenne Ariane 6 d’effectuer son premier vol en 2020. Baptisée ASL (Airbus Safran Launchers), la nouvelle structure réunira quelque 8.000 employés, développera et exploitera les lanceurs civils et militaires très importants pour la dissuasion nucléaire, avec pour objectif de réduire les coûts de 40 à 50%.
Boucler le plus vite possible
La Commission européenne sourcille face à ce projet. Elle estime que le regroupement des activités lanceurs d’Airbus et de Safran est susceptible de freiner l’innovation... et puis elle entend certains, comme le groupe Thales ou les allemands qui invoquent des conflits d’intérêts la part d’Airbus, qui se retrouverait à la fois actionnaire d’ASL et fabricant de satellites.
Donc, ça traine... nous creusons l’écart entre le projet européen et ce qui existe aux Etats-Unis. Elon Musk ne cesse de développer des solutions de grande valeur technologique à des prix défiant toute concurrence. D'autant que SpaceX, sa société, a désormais accès au marché gouvernemental américain avec des contrats de l’armée de l’air et, de fait, va pouvoir optimiser encore plus ses coûts. D'où les craintes du patron d'Arianespace, Stephane Israël, que j'évoquais.
Bruxelles risque une nouvelle fois de donner l’image d'une Europe divisée face à une Amérique unie et décidée à en découdre commercialement. La vraie grande leçon de cette histoire est qu'il est urgent de créer, enfin, de ce côté-ci de l'Atlantique, un vrai géant industriel du spatial qui puisse s'imposer. Faute de quoi, dans dix ans, peut-être avant, l'Espace sera tout… sauf européen.
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