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1er janvier 2016, naissance de la nouvelle Union bancaire polémique

Ca bouge dans le secteur bancaire à partir du 1er janvier. C’est en effet le jour de l’An qu’est activé le nouveau mécanisme de sauvetage des banques en Europe. Un système destiné à éviter le pire en cas de nouvelle crise financière, mais qui fait polémique.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (illustration prétexte © Maxppp)

L’idée d’Union bancaire avait germé il y a trois ans pendant la crise de la zone euro. Les Etats européens avaient alors dépensé des centaines de milliards d’euros pour secourir les banques en difficultés.

Aujourd’hui, l’objectif est d’éviter qu’une éventuelle nouvelle crise des banques ne se transforme en crise de la dette, et donc en un appel aux subsides publiques. En clair, au contribuable.

En langage technique, on appelle ce système le MRU (Mécanisme de Résolution Unique). C’est l’un des trois piliers de l’Union bancaire

Comment fonctionne le MRU

Le Mécanisme de Résolution Unique prévoit qu’en cas de faillite d’une banque – faillite qui ne pourrait être évitée malgré le système de contrôle et les verrous mis en place en amont par la BCE –, ce seront désormais les actionnaires et les créanciers qui seront sollicités en premier lieu, plutôt que l’Etat. C’est, ni plus ni moins, un système de renflouement privé.

Et si besoin, les banques pourront, en dernier ressort, se tourner vers un fonds d’aide qui sera mis en place progressivement au cours des prochaines années, un fonds doté près de 60 milliards d’euros abondé par les banques elles-mêmes.

Dispositif polémique

Le système fait polémique car l’épargnant sera sollicité avant même le système de secours mis en place par les banques elles-mêmes.

Concrètement, à partir de 100.000 euros de dépôts ou de placement en obligations, le client de la banque se verra ponctionné automatiquement sans son consentement.

Qui dispose aujourd’hui de 100.000 euros sur son compte en banque ?

Il est très difficile de connaître le nombre précis de dépôts de ce type qui seraient concernées en Europe, voire dans chaque pays de la zone euro.

Mais la barre des 100.000 euros peut être très vite atteinte si vous êtes, par exemple, propriétaire d’une maison et que vous revendez sans racheter immédiatement un autre bien. Cette somme, vous allez la confier à votre banquier et deviendra autant d’argent disponible en cas de nécessaire renflouement.

Par ailleurs, les détenteurs d’obligations ne se recrutent pas uniquement chez les grands investisseurs institutionnels. Ce sont aussi des petits épargnants, des retraités, etc…

C’est un sujet politique finalement plus sensible qu’il n’y paraît. Les gouvernements vont devoir faire œuvre de pédagogie pour expliquer ce système qui, certes, vise à protéger et rassurer le contribuable, mais entretient une nouvelle controverse sur les moyens employés par le secteur financier pour se sauver en cas de nouvelle banqueroute.

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