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Le débrief politique. Philippe-Bayrou : un recadrage sans débordements

Ce qu'il ne fallait pas manquer dans l'actualité politique du 13 juin.

Article rédigé par franceinfo, Yaël Goosz
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Edouard Philippe et François Bayrou le 31 mai à l'Elysée. (PATRICK KOVARIK / AFP)

Edouard Philippe et les "passions" du citoyen Bayrou

"Discrétion, solidarité, discipline" : c'était les consignes dictées par le Président lors du conseil des ministres, le 18 mai, et rappelées par le porte-parole Christophe Castaner. On a pourtant assisté mardi 13 juin à une première passe d'armes, un premier couac au sein de l'exécutif. En direct sur franceinfo, Edouard Philippe a recadré François Bayrou. Il l'a rappelé à son devoir d'exemplarité, après le coup de fil passé à Radio France avant la diffusion d'une enquête sur les assistants parlementaires du Modem. C'est le premier acte d'autorité d'Edouard Philippe sur son équipe.

Acte I, mardi matin sur franceinfo, dans l'émission 8h30 Aphatie. Le Premier ministre reprend François Bayrou sur son argumentation. Ce dernier avait assuré que ce n'était pas le Garde des Sceaux ou le président du MoDem mais le "citoyen" qui réagissait. "Quand on est ministre, on ne peut plus réagir comme quand on est un simple citoyen, a prévenu Edouard Philippe. Quand on est ministre, on n'est plus simplement un homme animé par ses passions ou par sa mauvaise humeur ou par son indignation."

Edouard Philippe : "Quand on est ministre on ne peut plus réagir comme simple citoyen"
Edouard Philippe : "Quand on est ministre on ne peut plus réagir comme simple citoyen" Edouard Philippe : "Quand on est ministre on ne peut plus réagir comme simple citoyen" (FRANCEINFO)

Acte II, François Bayrou lui a répondu à distance, mardi après-midi en déplacement à Lens. "Chaque fois qu'il y aura quelque chose à dire à des Français, des responsables, qu'ils soient politiques, journalistiques (sic), médiatiques, je le dirai."

Pas d'acte III, assure Matignon. Edouard Philippe a dit ce qu'il avait à dire sur franceinfo. Il est urgent de ne pas souffler davantage sur les braises alors que François Bayrou propose mercredi en conseil des ministres son projet de loi sur la moralisation de la vie politique.

Le MoDem, de soutien décisif à quantité négligeable ?

Des tensions entre Edouard Philippe et François Bayrou, entre République en marche et MoDem ? Tout va bien, a répondu le secrétaire général du MoDem, Marc Fesneau. "On n'a jamais construit les choses averc l'idée que l'un ou l'autre ait la clé à lui tout seul. Laissons de côté cette affaire et le deuxième tour..." Et pourtant, la donne a changé depuis le coup de pouce décisif de Bayrou pendant la campagne présidentielle. Avec une cinquantaine de députés noyés dans une future marée de marcheurs à l'arrivée, le MoDem n'est plus essentiel pour Macron.

Le dégagisme expliqué par un député En marche 

Parmi les nouvelles figures de la République en marche, un député, élu dès le premier tour, a fait sa rentrée à l'Assemblée. Sylvain Maillard, dans la première circonscription de Paris, fait partie des quatre qui ont été élu dès dimanche. C'est un adepte du "dégagisme". Invité de France Inter, mardi, il s'est montré sans pitié pour le vieux monde politique qui s'écroule. "Qu'ils dégagent, ça c'est certain ! On leur a dit, on leur a expliqué, on leur a redit qu'à un moment, il faut passer son tour. Les mandats éternels, c'est fini ! Ils n'ont pas compris... Ben voilà."

Les politiques en quête de boussole

Depuis dimanche et cette raclée historique pour les partis traditionnels, les repères sont chamboulés. A Evry, Benoît Hamon soutient la France insoumise contre Manuel Valls. Mais Manuel Valls reçoit le soutien inattendu de l'industriel Serge Dassault... Dans les Deux-Sèvres, Ségolène Royal a voté pour La République en marche plutôt que pour son ex-camarade PS Delphine Batho... Autre cas de figure, des candidats FN perdants qui appellent à voter Insoumis : on en trouve dans le Nord. Et d'autres qui appellent à voter LR, en Nouvelle-Calédonie...

Jean-Luc Mélenchon, lui, s'est montré beaucoup plus doux que de coutume avec le Parti socialiste. Quatre députés PS bénéficient officiellement de son soutien, quatre députés ex-Frondeurs qui avait voté la motion de censure au gouvernement. "Il n'y a pas de regret à avoir. Faut qu'on arrive à faire un groupe [parlementaire] et un groupe, c'est 15" a-t-il déclaré lors d'un "stand up" dans le 13e arrondissement, à Marseille.

PS : Cazeneuve et la voix des "rescapés"

Côté socialiste, il reste encore une poignée de candidats en lice : 65 exactement. Et vaille que vaille, leur ancien patron à Matignon, Bernard Cazeneuve, continue sa tournée. Il était mardi à Sarcelles (Val-d'Oise), chez François Pupponi, arrivé en tête, dimanche, et qui affronte le sans-étiquette Samy Debah. Une minuscule tache de rose sur la carte politique de France. "Il ne faut pas une Assemblée monocolore, a plaidé Bernard Cazeneuve. Il faut à l'Assemblée nationale des femmes et des hommes de la gauche de gouvernement qui puissent faire entendre leur voix." François Pupponi, lui, s'est dit lucide sur la situation : "Je suis un rescapé. On ne va pas être nombreux, dimanche prochain... S'il y avait eu un candidat En marche face à moi, je pouvais comme d'autres ne pas être au deuxième tour."

La note du débrief

7/20, peut mieux faire, pour le cabinet du Premier ministre. La République en marche a fait un bel effort de parité, et même au-delà, en accordant l'investiture à 267 femmes et 262 hommes. Mais l'arbre de l'Assemblée ne doit pas cacher la forêt des cabinets ministériels... Le cabinet d'Edouard Philippe, publié au Journal officiel compte 34 hommes dans l'équipe, pour seulement 13 femmes.

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