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Le débrief politique. Ce débat qui fait (encore) débat

France 2 revoit sa copie, la défense de David Rachline, le nom du premier parti de France... Tout ce qu'il ne fallait pas rater dans l'actualité politique de mercredi 5 avril avec Matthieu Mondoloni.

Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le débat à 11 candidats, mardi 4 avril, sur CNews et BFMTV. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

20 avril : le débat n’en finit pas

Le débat de France Télévisions, prévu le 20 avril 2017 n’en sera probablement plus un. Le groupe renonce, à 17 jours du premier tour de la présidentielle, car c’est un casse-tête pour réunir les têtes de casting. Le plan B : un grand oral à la place d’un grand débat et à la même date. Pas de confrontation directe mais 15 minutes par candidat pour présenter les programmes sans contradicteur. Mais, là encore, les 11 participants sont divisés et pas d'accord, pour l’instant, pour donner leur accord. On rappelle que ce débat avait été remis en cause par plusieurs candidats : Jean-Luc Mélenchon refusait d’y participer ; Emmanuel Macron, Marine Le Pen et François Fillon avaient fait part de leurs réserves notamment sur le choix de la date, jugée trop tardive.

Mais plus de débat, ça ne plaît pas à tous les candidats. Nicolas Dupont-Aignan se dit scandalisé par cette décision. "Ils ne veulent pas qu'on puisse leur poser des questions", assure le candidat de Debout la France à franceinfo. "Il y a toujours des milliards de prétextes pour ne pas aller à un débat", déplore de son côté Benoît Hamon. Invité de l'émission Questions d'infos sur LCP, en partenariat avec Le Monde, l'AFP et franceinfo, le candidat socialiste a réaffirmé son attachement à un grand débat du service public. Il y a désormais deux camps. D’un côté les outsiders qui demandent à France Télévisions de revenir sur cette décision. De l'autre, ceux qui n’en veulent pas pour ne pas prendre de risque. Et puis, François Fillon qui ne tient ni au débat ni au grand oral et réserve sa réponse pour le moment. Suite au prochain épisode.

Rachline et Le Pen, une même ligne de défense

Les affaires sont décidemment très présentes dans cette campagne présidentielle. Comme un boulet, elles traînent au pied de François Fillon et de Marine Le Pen. Le parquet de Lille confirme, ce jeudi, l'ouverture d'une enquête préliminaire sur des soupçons d'emplois fictifs au sein du groupe frontiste au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais. Les vérifications concernent trois emplois dont celui de David Rachline, le directeur de campagne de Marine Le Pen. Ce dernier confirme avoir bien touché 11 000 euros nets début 2010 comme "assistant de groupe" du FN au conseil régional, alors qu'il était dans le même temps conseiller municipal de Fréjus depuis 2008 et en pleine campagne pour les régionales en PACA, à quelques centaines de kilomètres de Lille. 

Sans surprise, le groupe FN à la région Hauts-de-France, le nouveau nom du Nord-Pas-de-Calais, dénonce "un curieux télescopage du calendrier et une nouvelle violation du secret professionnel". Même ligne de défense, en gros, que celle de Marine Le Pen dans l'affaire des assistants au parlement européen. La présidente du parti a d'ailleurs refusé jusqu'ici de se rendre à la convocation des juges, se plaçant sous la protection de son immunité parlementaire, ce qui lui a encore valu, lors du débat à 11 mardi soir, des sarcasmes. Philippe Poutou lui faisant notamment remarquer qu'il n'existait pas d'"immunité ouvrière" en cas de convocation devant la justice.

Les Républicains embarrassés

Marine Le Pen est rattrapée par les affaires mais elle est toujours en tête dans les sondages, ce qui inquiète le parti Les Républicains. Quelle attitude adopter si François Fillon ne passe pas le premier tour ? Faut-il appeler à voter Emmanuel Macron face au Front national ? Faut-il ne rien dire ou opter pour le ni-ni ? Sur franceinfo, Luc Chatel, le porte-parole de François Fillon assure que "cette question-là ne se pose pas aujourd'hui", et "pense" que son candidat "va se qualifier pour le deuxième tour". Pas question donc pour lui d'"ouvrir un débat dont on sait qu'il est complexe" ou de faire de la "politique fiction".

Sauf qu’en coulisse, on se prépare déjà à ce débat et on craint une explosion entre les partisans du "ni-ni" et ceux qui appelleraient à voter Emmanuel Macron. “Il n’y a pas le choix, confie un ténor du parti. Il faudra faire barrage au Front national”. Pas de "ni-ni", mais un "non-non" au FN. Et Nicolas Sarkozy lui-même pourrait sortir de sa réserve dès le 24 avril en cas de défaite de la droite. 

En Marche vers la première marche

Les Républicains sont rattrapés par "les Marcheurs" pour la place de premier parti de France. À la veille de son premier anniversaire, le mouvement d’Emmanuel Macron s’apprête à souffler 240 000 bougies, autant que le nombre de ses adhérents revendiqués. Si l'on s'en tient à l'arithmétique et aux chiffres les plus récents fournis par les autres partis, il serait le deuxième parti de France. Le premier reste Les Républicains avec 275 000 adhérents revendiqués fin 2016 et le troisième, le PS avec un peu plus de 113 000 encartés, selon le premier secrétaire du parti début 2017. De son côté, le FN revendique 83 000 inscrits. 

Sauf que chez En Marche, on adhère d'un simple clic : pas de cotisation à payer mais un simple formulaire à remplir, autant dire que le mouvement n'est pas à l'abri des mauvaises plaisanteries. Benjamin Grivault, le porte-parole du mouvement assure que les adhésions fantaisistes sont ultra marginales et qu'une équipe est chargée du "nettoyage". Deux autres chiffres permettent d'évaluer le poids du mouvement : le nombre de donateurs, 35 000, et le nombre de personnes inscrites dans des comités locaux dont on peut imaginer qu'ils sont plus militants, elles sont 76 000.

La note du débrief : 0 pointé pour Luc Ferry

Un 0 pointé pour l'ancien ministre de l’Éducation nationale et soutien de François Fillon. Luc Ferry a rédigé un tweet plein de condescendance, voire de mépris, sur Philippe Poutou.

Sauf que le candidat du NPA n’était pas en marcel mais en tee-shirt et, surtout, "Et alors ?!", a-t-on envie de répondre à Luc Ferry et aux nombreux éditorialistes qui, depuis ce mardi soir, s’en prennent à Philippe Poutou sur ce sujet. 0 pointé donc pour ces propos élitistes et démodés.

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