Vélos et ateliers de réparation : les réparateurs indépendants arrivent en tête, selon "60 Millions de consommateurs"
En cinq ans, le nombre d'ateliers de réparations des vélos a doublé ! Reste à savoir si tous les réparateurs se valent ? Adrian de San Isidoro, chef de rubrique à 60 Millions de consommateurs, consacre une grande enquête ce mois-ci sur ces ateliers de réparation qui fleurissent un peu partout.
franceinfo : Le premier constat que vous dressez, c’est qu’il faut vraiment choisir le bon atelier, parce que les prestations sont très variables d’un endroit à l’autre ?
Adrian de San Isidoro : Absolument. La qualité de la réparation, les délais de prise en charge, ou encore les tarifs, fluctuent fortement d’un professionnel à l’autre. Raisons pour lesquelles nous avons décidé d’évaluer quatre grandes enseignes de réparation ainsi qu’une kyrielle d’ateliers indépendants.
Vous avez mené une enquête de satisfaction auprès de 2000 cyclistes, quels sont les professionnels qui arrivent en tête de classement ?
Les mieux classés, avec 13,5/20, sont les réparateurs indépendants, qui coiffent Décathlon au poteau et sa note de 13/20. Les clients des magasins indépendants saluent plusieurs aspects. Le temps de prise en charge d’abord, puisque l’attente moyenne, en atelier, est de seulement 7 minutes, un temps presque 4 fois plus rapide que la moyenne de GoSport, évaluée à 27 minutes ! Nos sondés louent aussi la qualité des réparations effectuées, jugées tout à fait satisfaisantes.
Ce que disent aussi les cyclistes que vous avez interrogés, c’est que souvent les ateliers indépendants sont tenus par des passionnés. Ils sont minutieux et prennent en charge tous les types de vélo. Ce qui n’est pas forcément le cas ailleurs ?
Les participants à l’étude jugent en effet que les techniciens indépendants sont de très bon conseil. Et parfois davantage que dans les grandes enseignes. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette impression. Primo : il y a souvent moins de monde dans les ateliers indépendants, ce qui facilite le contact humain et la prise en charge.
Deuxièmement : les réparateurs indépendants, qui ont monté leur commerce de cycles, sont généralement des passionnés, qui savent réparer une grande de variété de vélos, y compris les plus anciens, qui sont les plus détenus par les Français. Un savoir probablement un peu moins présent dans les ateliers de grandes enseignes, où les réparateurs sont surtout formés à la réparation des vélos récents.
Ce qu’on vous dit aussi, c’est qu’avec les grandes enseignes sportives, il n’est pas rare de devoir revenir ?
C’est la donnée la plus étonnante de l’étude. Le taux de problèmes techniques rencontrés, après réparation, atteint jusqu’à 29% chez Bike+ et 20% chez Culture Vélo. C’est assez énorme et inquiétant : si on fait réparer ses freins, et qu’on est placé devant le fait accompli d’une mauvaise réparation en pleine descente, ça peut faire mal.
Heureusement, ce taux baisse drastiquement ailleurs : 8% chez Intersport, 7% chez Décathlon, et à peine 5% chez les indépendants, décidément les plus fiables de notre étude. Et en général, quand on revient avec son vélo en atelier, la réparation, c’est la moindre des choses, est offerte.
Au niveau des prix, est-ce qu’il y a de grands écarts selon les ateliers de réparation ?
Sur la partie tarifs, c’est Intersport qui se montre le plus attractif : 60% des sondés passés par cette enseigne ont payé au maximum 50 euros. Part qui baisse à 52% pour Décathlon et passe carrément à 40% chez Culture Vélo, l’enseigne la plus onéreuse selon les répondants. Toute enseigne confondue, le ticket moyen est facturé 55 euros. En règle générale, plus le cycle à réparer est haut de gamme, plus l’acquisition de nouvelles pièces coûte cher. Le prix d’une chaîne varie par exemple d’une dizaine d’euros à 100 €, selon son standing !
Les forfaits d’entretien que certains magasins proposent sont intéressants ou pas ?
Ils peuvent l’être, à condition que le nombre de réparations ne soit pas trop limité au mois, ou à l’année. Quand cette information n’est pas clairement rédigée dans les conditions de l’offre, ce qui est par exemple le cas des forfaits d’entretien Instersport, nous déconseillons d’y souscrire. Par ailleurs souvent, les prix annoncés incluent seulement le prix de la main-d’œuvre et pas le changement des pièces, qui peut s’avérer très coûteux.
Et les pièces d’occasion, les pièces détachées d’occasion, on peut en trouver ?
Hélas, les enseignes de réparation proposent encore trop rarement des pièces détachées d’occasion, malgré l’obligation légale d’en mettre à disposition. Entre les mois de mai et de septembre 2023, à peine 23% des clients passés par les ateliers indépendants se sont vus proposer des pièces de rechange. Contre 46% chez Décathlon, 52% chez Culture Vélo et surtout, 81% chez Bike+. Rappelons que non seulement les pièces d’occasion sont bonnes pour la planète, mais qu’elles coûtent aussi 20% moins cher que des composants neufs. Ce qui est bon pour le porte-monnaie également.
Comment ne pas se faire piéger avant de laisser son vélo en réparation ? Est-ce qu’on peut demander un devis ?
Oui, il faut absolument demander un devis. Ce document, qui indique le prix total et les différentes réparations mises en œuvre, encadre la prestation et sert de garde-fou, en cas de malfaçon ou de tentative de surfacturation. Et si ce devis n’est pas respecté, on peut contester. Un professionnel doit honorer un devis dans les moindres détails, les réparations prévues, comme le prix indiqué. Si de nouvelles réparations doivent être effectuées, il se doit d’émettre un nouveau devis avant de se remettre à la tâche.
Il est souvent plus avantageux de faire ses réparations soi-même si on peut ?
Évidemment, un bon entretien évite de devoir changer les pièces régulièrement. Même s’il est recommandé d’aller faire un contrôle technique deux fois par an, pour s’assurer que tout roule correctement.
Et quels sont les conseils à donner pour bien entretenir son vélo ?
Très important : pensez à gonfler vos pneus au moins toutes les 3 semaines. Cette opération préservera vos roues, et limitera les vibrations susceptibles d’endommager les autres éléments du vélo. Pensez aussi à nettoyer et lubrifier votre chaîne, en déposant un produit dégrippant sur les maillons métalliques. Une opération qui facilitera le passage des vitesses et préviendra l’apparition de rouille.
Enfin, si le cadre de votre vélo est légèrement dévié, remettez-le d’équerre pour éviter de rouler en biais. Cela peut gêner fortement la conduite et augmenter les risques d’accident.
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