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Sécheresse habitat : près de la moitié de la France est concernée, une maison sur deux

À l'aube d'un nouvel été, c'est difficile de ne pas se rendre compte de la réalité du dérèglement climatique. Même nos maisons en témoignent.
Article rédigé par Augustin Arrivé, Ersin Leibowitch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Fissures et dégâts face à la sécheresse : sur un parc total de 20,3 millions de maisons individuelles en France, 11,1 millions sont menacées, ce qui fait plus de 50% selon le hors-série de 60 Millions de consommateurs. (Illustation) (ZEN RIAL / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Le magazine 60 Millions de consommateurs consacre ce mois-ci un hors-série aux dégâts provoqués par la sécheresse sur l'habitat des Français. Amin Meslem, chef de rubrique au magazine, détaille pour franceinfo les détails de cette enquête publiée en ce mois de juin. 

franceinfo : Est-ce que vous pouvez nous dire quel est déjà le nombre de maisons concernées ? On parle d'une sur deux ? 

Amine Meslem : Oui, c'est même un peu plus. Sur un parc total de 20,3 millions de maisons individuelles, 11,1 millions de maisons sont menacées, ce qui fait plus de 50%. En fait, elles sont construites sur des terrains argileux qui sont susceptibles de bouger, à cause des sécheresses qui durcissent et se rétractent lorsqu'ils sont desséchés. Et à l'inverse, ils gonflent et deviennent malléables au retour des pluies.

Ça peut provoquer des fissurations en façade, des distorsions des portes et des fenêtres, qui ne peuvent plus s'ouvrir ou se fermer normalement, mais aussi une dislocation des dallages et des cloisons, et parfois même la rupture des canalisations enterrées. Et les dégâts sont parfois considérables, et nécessitent des réparations qui y atteignent 200 000, voire 300 000 euros.

Vraiment un gros coup dur, et toutes les régions sont concernées ?

Face à ces problèmes, près de la moitié de la France métropolitaine est concernée. Il y a six départements notamment, qui sont très impactés, avec plus de 50% de maisons individuelles, exposées à un risque fort. Donc il y a le Gers, avec 90% des maisons concernées, les Bouches-du-Rhône, le Lot-et-Garonne et les Alpes-de-Haute-Provence, le Tarn et la Haute-Garonne. En fait, vous pouvez voir si votre domicile est concerné, en vous rendant sur le site Géorisques du gouvernement. 

Avec les années, il fait de plus en plus sec. Du coup, le risque augmente partout. Le problème, c'est que les indemnisations ne suivent pas. Quels sont les obstacles pour faire, par exemple, reconnaître sa commune en état de catastrophe naturelle ? C'est un problème que beaucoup de maires constatent.

Plus de la moitié des demandes communales de classement en catastrophe naturelle ont été refusées entre 2010 et 2020. Parce que ce n'est pas le nombre de maisons fissurées ou l'importance des dégâts qui détermine le classement, mais des critères techniques.

Par exemple, la Commission, les services de l'État qui sont chargés donc de traiter ces dossiers, de ces demandes des maires, vont d'abord vérifier que les sols sont bien composés d'argile. Ensuite, ils vont regarder les données météo, et pour que l'état de catastrophe naturelle soit déclaré par exemple, il faut que l'épisode de sécheresse observé, soit le plus important ou le deuxième plus important des 50 dernières années. Ce qui n'est plus très logique, alors que les sécheresses se sont quand même multipliées, ces dernières années.

Et en plus, ce critère, il est évalué en comparant une saison donnée. C'est-à-dire que, par exemple, si le maire indique que la sécheresse a eu lieu durant les dernières semaines de l'été, mais en fait que les relevés de Météo France notent que l'intensité de la sécheresse a été constatée au début de l'automne, alors la demande sera rejetée. 

Donc il va falloir revoir la façon de construire nos habitations, la robustesse, réfléchir à de nouveaux matériaux, par exemple être plus vigilant sur les zones de construction ? 

Alors oui, déjà pour les constructions neuves, la loi, il y a une réglementation qui est en vigueur depuis 2020, qui fait que les personnes qui font construire une maison sur un terrain exposé à un risque fort ou moyen de retrait/gonflement des argiles, doivent respecter certaines règles, par exemple, les fondations des maisons doivent avoir une profondeur minimale de 80 cm à un 1m20.

Il faut aussi éviter d'avoir un sous-sol, pour limiter les risques de tassement. Les architectes aussi, conseillent d'utiliser des ossatures en bois, par exemple, qui sont moins lourdes. Voilà, il y a quelques solutions, mais elles concernent surtout le bâti neuf, pour les maisons actuelles, les solutions sont quand même relativement limitées.

Nos jardins aussi, il va falloir les adapter. Vous dites par exemple, dans ce hors-série, que le gazon, c'est dépassé. Certains arbres aussi sont menacés aujourd'hui ?

Oui, le gazon, c'est très fragile, c'est bien trop gourmand en eau. Heureusement, il est possible de faire évoluer sa pelouse, par exemple en mélangeant à ses semis des graminées, qui sont plus résistantes, comme du trèfle ou des pissenlits. Et quant aux arbres, il est parfois nécessaire de remplacer des essences qui se révèlent inadaptées, par exemple, il est possible d'opter pour des espèces buissonnantes, comme des cornouillers ou des genévriers, ou alors même des arbres fruitiers, qui sont capables de survivre dans des zones arides, comme le pistachier atlantique.

Notre hors-série donne beaucoup de pistes pour adapter son jardin, mais aussi, si jamais malheureusement, on est touché par des problèmes qui endommagent la maison. On donne toutes les pistes pour justement accompagner les gens dans leur combat avec les assureurs, toutes les étapes pour rentrer dans leur droit et obtenir satisfaction.

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