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Le plastique est partout : comment lutter contre les microplastiques ?

Le magazine "60 Millions de consommateurs" publie un dossier  dans le dernier numéro d'octobre sur la pollution, et plus précisément sur les microplastiques. L'éclairage d'Adélaïde Robert qui a signé cette enquête.

Article rédigé par franceinfo, Ersin Leibowitch
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Un chercheur examine des particules microplastiques dans un échantillon d'eau. (Illustration) (GETTY IMAGES / EYEEM)

Les microplastiques, c'est le sujet du dossier publié dans le numéro d'octobre de 60 Millions de consommateurs. Où en est la France en la matière ? Ces microplastiques sont-ils dangereux pour la santé. Adélaïde Robert a mené l'enquête. 

franceinfo : D'où viennent ces microplastiques ? 

Adélaïde Robert : Ils viennent à la fois de la dégradation des déchets plastiques dans l’environnement : les bouteilles et les sacs qui se décomposent sous l’effet des UV, de la chaleur, de frictions etc, mais ils viennent aussi de l’usage que l’on fait de certains objets en plastique. Par exemple, quand on lave des vêtements synthétiques, ils relarguent des microfibres dans les eaux usées, les pneus sur la route aussi dispersent des microplastiques par frottement tout comme les gazons synthétiques etc.    

On parle beaucoup de ceux qu'on retrouve dans l'océan, mais ils sont partout, sous différentes formes ?  

Oui, on en trouve dans tous les environnements : l’eau, l’air, la terre, de la fosse des Mariannes au sommet des Pyrénées. Ils sont tout petits ces microplastiques, ils voyagent beaucoup, et donc on les inhale, et on les mange aussi sans le savoir, car ils contaminent nos aliments, dans l’eau, dans le thé, le riz, le miel, les carottes, le sucre…    

Les plus petites particules peuvent être ingérées, même sans le savoir, et c'est dangereux ?

Oui, les risques de microplastiques pour la santé ne sont pas si bien connus. On sait que le polystyrène peut se dégrader et donner des molécules de styrène, qui est reconnue comme cancérigène. Mais surtout les microplastiques contiennent en général des additifs dont les risques sont bien connus, comme les phtalates ou le bisphénol A ou des colorants.

Et ils servent aussi d’habitats et de véhicules possibles à des micro-organismes pathogènes ou à des pesticides ou des métaux lourds. Bref : on ne connaît pas tout sur les microplastiques, mais on en sait suffisamment pour dire qu’ils sont à éviter et limiter.      

Il existe des règles et des engagements européens ?  

Oui, il y a des engagements, mais qui ne sont pas tous contraignants (on a des objectifs, mais sans sanctions si on ne les atteint pas) et effectivement par le passé on a vu un certain nombre de contournements comme les couverts en plastique jetables interdits qui se sont retrouvés simplement étiquetés comme lavables…    

Il est temps de se bouger parce que les Français sont à la traîne ?  

Oui, on est mauvais en termes de recyclage des emballages plastiques, moins d’un tiers est recyclé chez nous, quand nos voisins européens sont plus près de 40%… Améliorer nos performances passe par une simplification des gestes de tri qui est en cours, et par  une meilleure adhésion de chacun d’entre nous au geste de tri. Mais on ne s’en sortira pas seulement en améliorant le recyclage, c’est surtout en limitant la production et nos achats de produits en plastique que l’on va pouvoir préserver l’environnement.  

Les industriels commencent à améliorer leur bilan ?  

Oui, c’est ce que vous verrez partout maintenant que vous avez écouté l’émission : vous allez voir tous les emballages qui se vantent de diminuer la part de plastique utilisé, ou d’utiliser davantage de plastique recyclé, ou d’être désormais 100% recyclable. Vous regarderez d’un autre œil les bouteilles en plastique qui ont un bouchon solidaire et empêchent ainsi qu’il se retrouve tout seul dans la nature…

Et puis vous allez voir se développer tout ce qui va contribuer à baisser la masse de plastiques : les cosmétiques solides, le vrac en alimentaire, les recharges pour les produits ménagers,…  

Donc nous, en tant que consommateur, on peut faire quelque chose pour limiter les plastiques ?  

Oui, vous avez des alternatives sans plastique dans les rayons : vous pouvez favoriser des vêtements en coton, en lin, éviter ce qui est en synthétique, choisir des brosses à dent avec des têtes rechargeables ou des brosses à dent en bois, offrir des jouets en bois ou en tissu…  

Et vous avez aussi un conseil santé pour limiter notre exposition ?  

Oui, vous pouvez aérer chez vous, et ouvrir les fenêtres de votre voiture car l’habitacle est très pollué, passez l’aspirateur, et surtout bannir tout plastique au micro-onde en transvasant vos plats à réchauffer dans des contenants en verre, et donc - on y revient - limiter le plus possible les plastiques dans vos vies. Surtout, dans les 1 000 premiers jours de l’enfant – en optant pour des biberons en verre et des jouets sans plastique.  

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