franceinfo conso. Solaires, le top des crèmes : les plus efficaces, les plus écologiques
Les crèmes solaires, leurs indices de protection, leur impact sur l'environnement et leur prix. Une enquête du magazine "60 Millions de consommateurs" nous rappelle que le plus cher des produits n'est pas le meilleur, que beaucoup de produits solaires restent irritants et peu d'entre eux respectent l'environnement.
Un air de vacances aujourd'hui dans l’info conso, puisqu’on va évoquer le sujet des crèmes solaires, leur efficacité, leur impact sur l’environnement, leur prix aussi... Adélaïde Robert, journaliste au magazine 60 Millions de consommateurs, cheffe de rubrique santé et hygiène, a testé une quinzaine de produits, sprays, laits, et crèmes solaires.
franceinfo : De manière générale, est-ce que ces produits sont efficaces ?
Adélaïde Robert : Oui, globalement les produits affichant un facteur de protection solaire de 50 ou plus que nous avons testés sont efficaces contre les UVB, les résultats ont été un peu plus décevants pour la protection contre les UVA.
Rappelez-nous la différence entre les UVA et les UVB ? Lesquels sont les plus dangereux ?
Ils le sont tous les deux. Les UVB sont responsables des coups de soleil : ce sont eux qui donnent l’alerte en quelque sorte. Ils sont donc responsables de brûlures et de l’essentiel des cancers de la peau. Les UVA sont ceux qui pénètrent le plus profondément dans la peau. Ils sont responsables du vieillissement cutané, des allergies, des taches, mais aussi de cancers cutanés.
Mais comment avez-vous travaillez ? Avec des volontaires ou en laboratoire ?
En laboratoire, nous avons réalisé exclusivement des tests de performance in vitro. Cela nous est souvent reproché par les marques bio car ces tests pénaliseraient les filtres minéraux que ces marques utilisent. Ce n’est pas vraiment consensuel et puis c’est un choix éthique, mais c’est vrai que c’est franchement ennuyeux que la norme de tests in vitro ne soit pas publiée pour les UVB et qu’on traîne ces débats depuis des années.
On met souvent en avant les produits bio. C’est une bonne chose mais est-ce qu’ils sont efficaces contre les UV ?
Dans notre test, ils ont du mal à montrer une efficacité contre les UVA, mais certains ont une très bonne protection contre les UVB. Globalement, ils sortent quand même en dernier dans le classement. Il faut de toute façon être surtout vigilant sur la quantité de crème appliquée et la fréquence de renouvellement.
Il y a souvent des allergies avec les filtres solaires, que disent les dermatologues ?
En effet, il y a eu une période où les allergies aux produits solaires étaient fréquentes : elles étaient liées à des filtres dits "chimiques" pour les différencier des filtres minéraux, tels que l’octocrylène ou le PABA. Mais les dermatologues ont fait pression pour qu’ils soient retirés des formulations. Rares sont maintenant les produits qui en contiennent mais on en trouve dans certains produits de grande distribution ou vendus dans des stations balnéaires ou à la montagne.
Mais de manière générale, le bilan pour la santé est plutôt mitigé, beaucoup de produits sont jugés irritants ou sensibilisants ! Peu de A dans votre classement ?
Oui, seulement deux produits ont un score A pour la santé, Yves Rocher et Respire. C’est lié au fait qu’il y a beaucoup d’ingrédients dans les produits solaires et les risques, même modérés, s’ajoutent. Il y a des allergènes, des irritants…
Et l’impact sur l’environnement ? Sur la biodiversité marine lorsqu’on se baigne en mer ?
Pour l’environnement, seulement 4 produits ont la note A, et c’est amusant car ce que l’on observe de plus en plus sur les packagings, ce sont les allégations de protection environnementale et en particulier des océans. Il y a des dessins de petits poissons, de tortues et de coraux partout, alors que dans certains cas le Cosméto'Score environnement ne colle pas avec les allégations affichées.
Le problème aussi c’est qu’il y a un grand flou au niveau de la réglementation européenne des produits cosmétiques ?
Oui, il n’y a pas d’évaluation écotoxicologique obligatoire, ni de normes pour les tests à réaliser, avant d’afficher ce type d’allégations. Résultat, leur signification réelle est floue, il faut aller souvent sur les sites Internet des marques pour savoir ce qu’il y a derrière. Parfois, les marques mettent en avant l’absence de certains filtres chimiques qui ont été interdits à Hawaï, mais ils en incluent d’autres qui sont controversés.
On manque d’études pour connaître l’innocuité des différents filtres. Sachant qu’idéalement, c’est l’impact de la formule complète qu’il faudrait tester, pas seulement quelques ingrédients isolés.
Sur les 15 produits testés, lequel vous semble le plus efficace et le plus respectueux de l’environnement ?
Le meilleur de la sélection cette année, c’est le lait solaire Waterlover de Biotherm : il est à la fois protecteur contre les UVA et les UVB, avec un bon Cosméto'Score global (qui tient compte de l’impact sur la santé humaine et l’environnement), il a un étiquetage suffisant.
Et au niveau prix ? Parce que parfois, c’est le grand écart entre les marques ?
J’allais y venir : il a un prix modéré. Les produits solaires sont chers, le seul qui est en dessous de 65 euros le litre, c’est uniquement parce que c’est un grand format. Pour Biotherm on est à un peu moins de 20 euros les 200 ml.
On parle de filtre UV des crèmes solaires, mais en fait on s’aperçoit que de plus en plus de marques de cosmétiques misent sur les anti-UV, que ce soit pour la crème de jour, le fond de teint ou le rouge à lèvres. C’est toujours une bonne chose ou pas ?
Ça dépend. Mettre à 7h le matin une crème de jour avec un facteur de protection solaire 15 ou même 50 n’a pas d’intérêt. Quand vous irez faire votre pause terrasse au déjeuner, elle ne vous protégera plus. Les dermatologues considèrent que c’est plutôt du marketing.
Ce qui les séduit davantage, ce sont les compact solaires, des fonds de teint avec protection solaire parce que ça, vous pouvez en remettre juste avant de vous exposer. Mais il faut aussi qu’ils protègent contre les UVA, il ne faut pas se contenter d’un SPF contre les UVB. Les fabricants indiquent dans ce cas le sigle UVA dans un rond ou indiquent le pourcentage d’UVA filtrés.
Et puis il faut se poser la question de savoir si le fait de mettre ces filtres dans des produits utilisés au quotidien toute l’année n’est pas nocif. Surtout que de plus en plus de filtres sont bannis, donc on risque d’avoir les mêmes filtres, utilisés dans des produits de plus en plus nombreux.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.