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Vaccin contre le Covid-19 : comment l'Espagne, l'Allemagne et le Royaume-Uni se préparent

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction l'Espagne, l'Allemagne et le Royaume-Uni pour voir comment on s'organise pour vacciner la population contre le Covid-19.

Article rédigé par franceinfo - Marie-Hélène Ballestero, Nathalie Versieux et Richard Place
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Le Premier ministre britannique Boris Johnson pose avec un flacon du vaccin d'AstraZeneca contre le Covid-19, au Pays de Galles le 30 novembre 2020. (PAUL ELLIS / POOL / AFP)

La Haute Autorité de santé française a dévoilé lundi 30 novembre sa stratégie de vaccination contre l'épidémie de Covid-19. Elle recommande une campagne en cinq phases et préconise dans un premier temps des publics prioritaires notamment les personnes âgées en Ehpad. La vaccination pourrait débuter "vraisemblablement, dès fin décembre-début janvier", avait indiqué mardi 24 novembre Emmanuel Macron dans une allocution. Direction chez nos voisins européens, en Espagne, en Allemagne et au Royaume-Uni, pour voir comment ils s'organisent pour vacciner leur population. 

En Espagne, une vaccination prévue dès janvier 2021

Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, et le ministre de la Santé, Salvador Illa, ont présenté la semaine dernière les grandes lignes du plan de vaccination qui devrait démarrer, si tout va bien, en janvier 2021. C’est une campagne en trois étapes. D’ici le mois de juin, l’objectif est de vacciner tous les groupes prioritaires. En premier lieu, il y aura les résidents des maisons de retraite et les professionnels qui les accompagnent, les personnes dépendantes et le personnel sanitaire. Après les populations les plus vulnérables, une campagne de vaccination massive est prévue à partir du mois de juillet. Le vaccin sera gratuit et volontaire. Il sera administré dans les 13 000 centres de santé publique, répartis sur tout le territoire.
 
Ce plan de vaccination a soulevé beaucoup de critiques, comme d’habitude. Pendant des mois, Pedro Sánchez a été accusé d’avoir mal géré la pandémie et d'avoir improvisé, mais sa volonté de prendre les devants au sujet de la vaccination n’a pas convaincu l’opposition et notamment le Parti Populaire, qui lui reproche de voir à trop long terme, d’être trop optimiste, alors que l’on ignore quand les vaccins seront vraiment disponibles. Quant à la population, le scepticisme grandit. D’après le dernier sondage du Centre d'investigations sociologiques, 47% des Espagnols ne souhaitent pas se faire vacciner. À terme, il n’est donc pas exclu de rendre ce vaccin obligatoire. Une question qui crée la polémique en Espagne.

En Allemagne, l'aéroport de Francfort se prépare depuis des mois 

L'aéroport de Francfort doit jouer un rôle central dans la logistique délicate autour du futur vaccin contre le Covid-19. Le plus gros aéroport d'Europe continentale se dit fin prêt pour une campagne de vaccination qui doit débuter d'ici la fin du mois dans le pays. Francfort est en effet l'une des principales plaques tournantes en Europe pour les produits médicaux. Un hub spécialisé de 13 500 m² à température variable est réservé à ce type de produits au sein de l'aéroport. L'an passé, 120 000 tonnes de cargaisons médicales plus ou moins fragiles ont transité par Francfort. 

Dans la ville allemande ce sont aussi les transporteurs routiers qui se préparent depuis des mois. La logistique autour de la vaccination des Allemands se fera surtout par camions. L'aéroport de Francfort se prépare à recevoir les vaccins produits en Inde et en Chine pour le marché européen, et au flux des vaccins destinés à l'Afrique. 

Le défi qui attend l'aéroport en 2021 est considérable. Les vaccins de Pfizer et de Moderna, sur la base de l'ARN messager, sont très fragiles. Ils doivent être entreposés à -70° Celsius, à l'aide de glace carbonique, dans des containeurs spécialement développés pour l'occasion. Extrêmement coûteux, ils ont tous équipés de capteurs permettant de savoir, à n'importe quel moment, leur position exacte. Au sol, ils doivent être transportés par des véhicules spéciaux, dont l'aéroport aura besoin en grande quantité. Difficulté supplémentaire, un avion ne peut transporter plus de 1 088 kg de glace carbonique, pour des raisons de sécurité. En tout, 15 000 vols seront nécessaires à travers le monde sur deux ans pour transporter les dix milliards de doses nécessaires pour vacciner la planète, selon les estimations de DHL.

Au Royaume-Uni, une vaccination avant Noël comme objectif

Des commandes massives de vaccins ont déjà été passées au Royaume-Uni, 355 millions de doses ont été commandées par le gouvernement. Dont 100 millions pour le seul groupe britannique AstraZenaca dont le vaccin est développé en lien avec l’Université d’Oxford. L’objectif est de commencer la campagne de vaccination pour les populations à risque avant Noël. C'est-à-dire les personnes âgées de plus de 80 ans et les pensionnaires des maisons de retraite. L’ensemble de la population pourrait se faire vacciner avant le printemps selon le plan du gouvernement. Évidemment, il faut d’abord que les autorités sanitaires britanniques donnent le "go". D’habitude, cela prend plusieurs mois, la procédure sera accélérée, c’est une priorité absolue. Et comme en France, le vaccin ne sera pas obligatoire.
 
Il y a d’ailleurs eu un premier couac avec le "ministre du vaccin" qui a été nommé il y a trois jours seulement. Nadhim Zahawi a brandi une menace pour ceux qui refuseraient de se faire vacciner. Grâce à un passeport d’immunité, ils pourraient se voir interdire l’accès à des commerces, des pubs ou des restaurants. Selon lui, il ne restait plus qu’à trouver la bonne technologie pour mettre cela en place. Et puis mardi matin Michael Gove, le numéro 2 du gouvernement, lui répond sur la BBC : "Ce n’est pas le plan. Bien sûr, un patron a la possibilité de déterminer qui il reçoit et sur quels critères. Mais le plus important à ce stade, c’est de se concentrer sur la mise à disposition massive du vaccin et Nadhim Zahawi est un ministre brillant. C’est pour cette raison qu’il occupe ce rôle et doit s’assurer qu’un maximum de gens se feront vacciner." 

Il n'y aura donc pas d’interdiction décidée par le gouvernement mais chaque commerce pourrait prendre cette décision et ne pas accepter ceux qui choisissent de ne pas se faire vacciner. Mais comment ? Sur la base de quelle information ? Mystère.

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