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Liberté de la presse : quelle est la situation en Belgique, en Turquie et en Egypte ?

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction la Belgique, la Turquie et l'Egypte pour voir la situation de la liberté de la presse dans ces pays.

Article rédigé par franceinfo - Jérémy Audouard, Anne Andlauer et Martin Roux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Lors d'une manifestation contre le proposition de loi sur la "securite globale", à Montpellier le 21 novembre 2020. Photo d'illustration.  (RICHARD DE HULLESSEN / MAXPPP)

Après la polémique sur la proposition de loi sur la "sécurité globale" et son article 24 décrié par les défenseurs de la liberté d’informer et de la presse, le club des correspondants s’arrête en Egypte, en Turquie et en Belgique pour voir quelle est la situation de la liberté de la presse dans ces pays et si le travail des journalistes est menacé.

En Belgique, les intimidations de la police ne passent pas

Ce voisin de la France est plutôt en haut du classement sur la liberté de la presse. Et quand la police tente d’intimider des journalistes, ça ne passe pas. Les dernières menaces en date se sont produites au mois juin, lors d’une manifestation Black Lives Matter dans la capitale belge.

Notre correspondant Jérémy Audouard a été lui même la cible de ces intimidations en marge du rassemblement : "J'ai voulu filmer avec mon téléphone une interpellation musclée. Mais c’est là qu’un policier cagoulé et sans matricule visible m’a repoussé très vivement. Il a ensuite confisqué mes papiers d’identité, et m’a menacé personnellement. À la suite de ça, pour dénoncer ce qui s’était passé, j’ai diffusé sur Twitter la vidéo de cette intimidation." Preuve qu'en Belgique, ce cas de figure reste exceptionnel, des médias de tout le pays ont évoqué cette altercation. Des associations nationales et internationales de journalistes ont même alerté le Conseil de l’Europe. À côté de ça, la police des polices mène une enquête pour comprendre ce qui s’est passé.

En Belgique, la loi est claire : tout citoyen, et donc tout journaliste, a le droit de prendre des images de policiers en intervention. Par exemple, il y a eu une exposition photo à Bruxelles en 2018, consacrée à la police. Des agents ont reconnu leurs visages, non floutés, sur certains clichés. Et ils ont porté plainte contre les organisateurs. Mais la justice leur a donné tort, en rappelant qu’en Belgique photographier des policiers et diffuser leur image constituait un droit élémentaire.

En Turquie, les journalistes de médias kurdes particulièrement menacés

La Turquie est connue pour ses violations régulières de la liberté de la presse. Elle occupe le 154e rang sur 180 pays dans le dernier classement établi par Reporters sans frontières. Depuis les grandes manifestations du parc Gezi en 2013, et de façon encore plus nette depuis le coup d’État manqué de l'été 2016, la plupart des manifestations sont interdites en Turquie. Ceux qui les organisent, mais aussi les journalistes qui les couvrent, sont à la merci d’une arrestation. C’est vrai en particulier pour les journalistes qui n’ont pas de carte de presse officielle, c’est-à-dire pour la grande majorité des journalistes turcs.


C’est toutefois dans le sud-est à majorité kurde, et parmi les reporters de médias qui défendent la cause kurde ou sont proches du PKK – le Parti des travailleurs du Kurdistan – que le risque est le plus élevé. La police ne fait souvent aucune différence entre les manifestants et les journalistes qui leur donnent la parole. On ne compte plus les cas de matériel confisqué et de journalistes intimidés voire arrêtés au cours d’une manifestation.

C’est notamment le cas de cinq journalistes dont le procès doit s’ouvrir prochainement. Cinq journalistes de médias kurdes arrêtés et maintenus en garde à vue pendant une semaine après avoir couvert une manifestation en août 2019. L’acte d’accusation, publié la semaine dernière, les accuse d’avoir refusé de quitter les lieux d’un rassemblement interdit et d’avoir pris part au groupe de manifestants. Pendant leur garde à vue, les policiers n’ont cessé de leur poser la même question : "Que faisiez-vous là ?" Réponse des journalistes : "Notre travail."

En Egypte, peu de sujets échappent au contrôle du pouvoir

Le pays est tout en bas du classement de Reporter sans frontières sur la liberté de la presse et des journalistes, 166e sur 180 pays, à ce stade on ne parle plus de lignes rouges. Il n’y a pas vraiment de sujets qui échappent au contrôle du pouvoir. 

À moins de lire entre les lignes, les médias se font uniquement l’écho de la version officielle. Lutte contre le terrorisme, mouvements sociaux, pauvreté, droits humains... Autant de sujets sensibles qui sont soit absents des grands titres de la presse nationale, soit dictés aux rédactions, ni plus ni moins qu’un copié-collé transmis par les autorités. Les journaux et les télés sont aux mains des services de renseignement ou entre celles d’hommes d’affaires proche du pouvoir.

La plupart des voix critiques sont derrière les barreaux. L’Égypte est l’une des plus grandes prisons au monde pour les journalistes. Dans la majorité des cas ils sont maintenus en détention sans procès, accusés de propager des fausses nouvelles ou d’appartenir à une organisation terroriste. Un mode opératoire devenu banal. Le régime du président al-Sissi s’attaque ainsi aux défenseurs des droits humains, aux avocats et également aux journalistes.

Pas moins de 500 sites sont bloqués, inaccessibles depuis l’Égypte. Comme par exemple celui d’Al Jazeera. Les réseaux sociaux n’échappent pas à la censure. Depuis une loi votée il y a deux ans, les utilisateurs suivis par plus de 5 000 abonnés sont considérés comme des médias. Et s’exposent donc aux mêmes peines que les journalistes.

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