Le racisme contre les autochtones au cœur de l'actualité au Brésil, au Canada et en Inde
Dans Le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir tout ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, nous nous intéressons à trois faits de racisme, contre des autochtones, qui ont suscité l'indignation au Brésil, au Canada et en Inde.
Le club des correspondants est consacré vendredi au racisme contre des minorités pourtant implantées depuis des siècles dans leurs pays. Direction le Brésil, le Canada et l'Inde, où les autochtones sont victimes de discrimination et de violences..
Au Brésil, les Indiens victimes d'un racisme séculaire
Au Brésil, le racisme séculaire contre les Indiens, les habitants originaires du pays, existe toujours et est même renforcé depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro. C’est en tout cas ce qu’affirme le Conseil missionnaire indigène, une ONG qui chaque année sort un rapport sur les violations des droits des Indiens. On constate même cette année une augmentation de la majorité des violations des droits. Sur les 19 violations des droits de l’homme étudiées, la situation a sérieusement empiré pour 16 d’entre elles, en particulier sur les invasions des territoires indiens et le vol de leurs richesses naturelles, mais aussi les violences directes comme les assassinats, menaces de morts et attaques en tout genre. Un chapitre spécial est consacré au racisme. Car d’après ce rapport, les violences à caractère raciste ont aussi augmenté dans la rue et surtout sur les réseaux sociaux, le mode privilégié des électeurs de Jair Bolsonaro.
Le rapport cite 16 cas différents pour illustrer son propos : des messages envoyés par Whatsapp, des Indiens à qui on refuse l’entrée au restaurant pour les trouver sales ou un député bolsonariste qui veut évacuer un campement d’Indiens, toujours pour le trouver sale. L’image de l’Indien fainéant qui vit sur des terres immenses sans rien produire est souvent utilisée par le président. Et du coup, elle est reprise par ses électeurs, sans comprendre que les Indiens ne produisent pas particulièrement mais préservent ainsi les forêts et possèdent aujourd’hui en effet les terres les plus riches en biodiversité.
Au Canada, une autochtone hurle de douleur et se fait injurier par des infirmières
La diffusion lundi d’une vidéo où l’on assiste à l’agonie d’une autochtone dans un hôpital du Québec, au nord de Montréal, sous les insultes racistes du personnel soignant n’en finit plus de faire des vagues aux quatre coins du Canada. Cette mère de 7 enfants s’est filmée en téléphonant à sa famille alors qu’elle appelait à l’aide, peu avant de décéder. Dans la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, on entend très clairement Joyce Echaquan, 37 ans, crier sa souffrance dans sa langue maternelle l’attikamekh, alors que deux soignantes l’insultent copieusement. Elles ont recours aux stéréotypes racistes habituels envers les autochtones, autrement dit les descendants des premiers occupants du Québec.
Ces propos orduriers, alors que leur patiente les supplie de l’aider, ont provoqué une onde de choc dans les communautés amérindiennes, mais aussi dans l’opinion publique. D’autant plus que la diffusion de ce témoignage post-mortem coïncide avec le premier anniversaire d’un rapport qui déplorait déjà le racisme subi par les Premières nations dans les services publics du Québec.
Du coté du gouvernement, le Premier ministre et ses alliés soutiennent qu’ils ont déjà pris des mesures pour lutter contre la discrimination que vivent les autochtones. Les deux employées fautives ont été congédiées de l’hôpital et plusieurs enquêtes doivent éclaircir les circonstances de la mort de la mère de famille, ainsi que la façon ont elle a été traitée.
En Inde, le viol et le meurtre d'une intouchable enflamme le pays
Le viol et le meurtre d’une intouchable (qui n'appartient pas à une caste) n’en finit plus d’enflammer l’Inde.Tout a commencé mardi : une femme de basse caste de 19 ans est décédée après avoir été violée par quatre hommes dans l’État de l’Uttar Pradesh. La police a arrêté les auteurs, mais la famille affirme que le corps de la victime a été brûlé à la hâte et sans son consentement. Ce sont ces accusations qui ont indigné toute l’Inde. Mercredi, des manifestations ont éclaté dans l’Uttar Pradesh, à Delhi et dans le Rajasthan pendant que les réseaux sociaux s’enflammaient. Mais au lieu de jouer la transparence, le gouvernement de l’Uttar Pradesh a transformé le district de Hathras, où les faits ont eu lieu, en forteresse. Tous les rassemblements y sont interdits.
Cela n’a pas suffit à calmer la colère et les interrogations, d'autant que la police locale affirme que l’autopsie n’a pas révélé de traces de viol mais seulement de strangulation. De quoi laisser planer des soupçons de dissimulation en l’absence du corps. Jeudi, les leaders de l’opposition Priyanka et Rahul Gandhi ont voulu rencontrer la famille. Mais leur convoi a été stoppé avant que Rahul Gandhi ne soit arrêté par la police et ramené à Delhi. Avec 200 membres du parti du Congrès, il pourrait être accusé de non-respect des règles de distanciation et de sécurité. Cela a suscité la colère de toute l’opposition et de la société civile indienne. Et puis, comme un écho aux événements, le Bureau national du crime a dévoilé un rapport sur les violences faites aux femmes en Inde. Bilan : 7% d'augmentation moyenne en 2019. Sur les intouchables, la hausse est de 11%.
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