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Le harcèlement scolaire, un problème majeur au Japon et en Espagne

Au Japon, 499 enfants ou adolescents se sont suicidés l'année dernière. Un problème de grande ampleur aussi en Espagne où une loi, adoptée en 2021, permet désormais de mieux protéger les jeunes.

Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura et Mathieu de Taillac
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Harcèlement scolaire. Photo d'illustration. (/NCY / MAXPPP)

Le harcèlement scolaire reste un fléau dans de nombreux pays. C'est le cas notamment au Japon, un pays réputé pour sa sécurité dans l’espace public mais paradoxalement connu aussi pour le problème des brimades et du harcèlement à l'école tandis qu'en Espagne un rapport publié il y a cinq ans a obligé les autorités à agir.

Au Japon, des mangas sur le harcèlement scolaire

Depuis des décennies les mangas se déroulant dans les établissements scolaires sont un genre en soi. Les brimades ou le harcèlement y sont très présents, tout comme ils le sont dans la vie réelle surtout où collège. Certains mangas, il y a quatre où cinq décennies, pouvaient laisser penser parfois à tort qu’on y banalisait ce phénomène d’intimidations appelé "ijime" , du fait de la cruauté de certaines scènes.

Mais en fait, surtout ces dernières années, les mangas à destination des adolescents ont bien davantage tendance à être un outil au service des élèves harcelés, en leur donnant des clefs de défense, des moyens de lancer des SOS. Les mangas de périodiques comme les hebdomadaires Shonen Jump ou Shonen Magazine qui défendent des valeurs humaines sont considérés comme plutôt bénéfiques et plus récemment des mangas publiés sur des plate-formes numériques prennent aussi le relais. Il existe aussi des outils pédagogiques sous forme de mangas pour aider les enfants à se dépêtrer de situations compliquées

Malgré tous ces moyens très japonais qui semblent particulièrement adaptés à la cible, le problème n'est pas résolu. 499 enfants et adolescents scolarisés se sont suicidés l’an passé au Japon. Si les problèmes de suivi scolaire ou familiaux sont des causes prépondérantes, le harcèlement en est une autre. Les outils en place, dont une loi de lutte spéciale entrée en vigueur il y a dix ans, ne suffisent pas. Le tout nouveau ministre de l’Education, Shinsuke Suematsu, s’est encore exprimé sur ce sujet il y a quelques jours en conférence de presse. "Je veux mettre en place un dispositif approprié  face à ce harcèlement, avec plus de conseillers scolaires et des travailleurs sociaux. J’entends aussi faire des efforts pour rendre pleinement opérationnelle la loi sur la prévention de ces brimades", assure-t-il. 

"Aujourd’hui encore des suicides sont déplorés sur fond de brimades."

Shinsuke Suematsu, ministre de l’Education

C’est le même message à chaque fois mais le principal souci demeure. Les enseignants qui ont souvent 40 élèves par classe ne voient pas tout. Et pour des questions de réputation, les établissements scolaires ont même tendance à nier l’existence du harcèlement en leur sein. Lorsque se produit un suicide ou un accident, des commissions d’enquête sont mises en place mais cela prend des mois ou des années pour des résultats qui sont souvent décevants pour les parents des victimes.

En Espagne, une loi adoptée en 2021

En Espagne, c’est un rapport préparé par l’ONG Save The Children et présenté en 2016 qui a fait bouger les choses. Ce travail extrêmement détaillé, fondé sur les réponses à un questionnaire de plus de 20 000 collégiens de l’enseignement public dresse d’abord un diagnostic précis de la situation en Espagne, avec plusieurs constatations chiffrées. Un peu plus de 9% de ces élèves âgés de 12 à 16 ans ont souffert de harcèlement scolaire. L’échantillon étant représentatif, les auteurs concluent que cela représente quasiment 200 000 enfants. Le harcèlement se manifeste le plus souvent par l’insulte. Six élèves sur dix ont été insultés, deux sur dix le sont régulièrement, et le cyberharcèlement (par les téléphones portables) est un vecteur habituel de ces agressions verbales.

Bien sûr le rapport formule des recommandations aux pouvoirs publics. Formation des professeurs, éducation des enfants, élaboration de protocoles, restauration des dommages causées, et préparation d’une grande loi cadre etc.

Cinq ans plus tard, les choses avancent lentement, mais sûrement. Selon la porte-parole et responsable des politiques sur l’enfance de l'ONG Save The Children, Laura del Moral. "Grâce à ce rapport, nous sommes parvenus à placer dans le débat public le fait que le harcèlement scolaire est une forme de violence", assure-t-elle.

"Ce ne sont pas des histoires de gamins, ce n’est pas un jeu. C’est une violence qui a de graves conséquences pour ceux qui la subissent."

Laura del Moral, porte-parole de l'ONG Save The Children

à franceinfo

"Récemment, le Parlement a adopté la loi cadre de protection de l’enfance et de l’adolescence contre la violence. Cette loi considère le harcèlement scolaire comme une forme de violence, elle oblige les établissements scolaires à établir des protocoles spécifiques de prévention et de réaction, et le harcèlement doit figurer dans les règlements intérieurs", conclut Laura del Moral.

La loi a été adoptée le 20 mai dernier. Elle est très large puisqu’outre la question du harcèlement solaire elle protège les droits des migrants mineurs, ou elle favorise la dénonciation et la poursuite des crimes de pédophilie par exemple. C’est très clairement une loi inspirée par la mobilisation des ONG est en particulier de Save The Children.

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