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Le Covid-19 fait exploser les violences faites aux femmes dans le monde, notamment au Mexique, au Québec et en Suède

Depuis plus d'un an, les féminicides sont en hausse dans plusieurs pays. Certains battent même de tristes records. Aujourd'hui direction le Mexique, le Québec et la Suède pour faire le point sur la situation et les mesures prises par les gouvernements. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Steels, Frédéric Faux - Helene Jouan,
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Une femme dépose des fleurs devant une fresque au Mexique où les noms de victimes ont été écrits, le 7 mars 2021. (EYEPIX / NURPHOTO)

Depuis que l'épidémie de covid flambe sur la planète, les violences conjugales explosent. Lors du confinement de mars 2020, la France n'a pas été épargnée avec une hausse du nombre de signalements. De nombreux pays sont confrontés au même phénomène depuis le début de la pandémie.

Au Mexique, pas de confinement mais les violences conjugales explosent 


Le Mexique fait partie des pays où les féminicides et les violences de genre sont endémiques. Même s’il n’y a pas eu de confinement obligatoire ordonné par le gouvernement, le pays a enregistré une hausse de ces violences depuis le début de la pandémie. Les viols, les violences au sein du foyer et le trafic sexuel ont augmenté de 10 à 20% par rapport à l’an dernier. Le nombre d’appels d’urgence pour dénoncer des actes de violence envers des femmes a aussi explosé. Le mois de mars a été le plus létal de l’histoire récente du Mexique pour les femmes, avec plus de 360 victimes d’homicides volontaires et de féminicides. En moyenne, 10 femmes sont tuées chaque jour à travers le pays.

Selon les spécialistes il y a une double lecture à faire : d’une part l’augmentation des violences contre les femmes dans le contexte difficile de la pandémie. Mais il y a aussi une hausse constante ces dernières années qui est liée au contexte mexicain, c’est-à-dire la violence généralisée renforcée par l’impunité chronique. Au Mexique, plus de 90% des délits contre les femmes restent impunis. Le gouvernement tente de minimiser l’augmentation de ces crimes, en l’attribuant au fait qu’auparavant les féminicides n’étaient pas catalogués comme tels. Mais en réalité, le féminicide est reconnu pénalement depuis bientôt une décennie au Mexique.

Au Québec, on craint le retour à la vie "normale"

Le Québec connaît depuis janvier un record de féminicides avec 10 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en seulement quatre mois alors qu'il y en avait eu 12 durant toute l’année 2020. Ce décompte macabre est intimement lié à la pandémie : le huis clos familial imposé par les mesures de confinement a favorisé le contrôle coercitif des maris abusifs. Mais, ce que les organismes d’aide aux victimes de violence conjugale ont observé, c’est que les drames se nouaient souvent à la faveur de la levée de certaines restrictions de mouvement. Que leurs femmes retrouvent de l’oxygène hors de chez elles, par exemple sur leur lieu de travail, fait craindre aux époux violents de perdre ce pouvoir absolu sur leur victime, et c’est là que le danger est le plus grand.

Ces associations appréhendent le retour à la vie "normale" et la fin de la pandémie pourrait malheureusement s’accompagner d’une nouvelle escalade de la violence. Le gouvernement vient de débloquer 148 millions d’euros supplémentaires, destinés notamment aux hébergements d’urgence. La vice-première ministre Geneviève Guilbault a profité de cette annonce pour lancer un appel à oser parler et partir afin que des femmes ne paient pas de leur vie, leur liberté retrouvée.

En Suède, le gouvernement cherche des solutions

Lorsque l’on évoque les féminicides il y a des pays dont on parle peu car on pense qu’ils sont moins concernés. C’est le cas de la Suède où, pourtant, les violences faites aux femmes sont aussi en hausse. Depuis le 31 mars, cinq femmes ont été tuées en Suède par un homme, souvent leur conjoint. Les médias en ont beaucoup parlé car c’est inhabituel. En moyenne en Suède, on compte une quinzaine de féminicides par an.

Pour expliquer cette hausse macabre, les autorités mettent en avant le covid, qui oblige à des cohabitations forcées dans les familles et éloigne les femmes en détresse des services publics qui pourraient les aider. Il y aussi l’état d’esprit du pays qui se considère comme l’un des plus avancés concernant le droit des femmes et qui aurait tendance à se reposer sur ses lauriers.

Le gouvernement a décidé de réagir. Les chefs de tous les partis politiques se sont réunis avec des représentants d’associations pour trouver un consensus sur de nouvelles mesures. Parmi celles qui pourraient être adoptées rapidement, il y a l’instauration d’une peine plancher d’un an pour les agresseurs de femmes et l’utilisation plus systématique du bracelet électronique pour les conjoints menaçants. Il faut en tout cas agir vite car même la Suède n’est pas épargnée. 

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