Journée mondiale du droit à l’avortement : l'accès à l'IVG en Tunisie et au Chili
À l’occasion de la journée mondiale pour le droit à l’avortement, jeudi 28 septembre, en France la Commission nationale consultative des droits de l’homme appelle à inscrire "sans délai" le droit à l’IVG dans la Constitution. Strictement interdit dans quelques pays, fortement restreint dans d'autres, l'accès à l'avortement reste un droit fragile dans le monde. On part au Chili et en Tunisie.
Au Chili un droit limité à trois cas précis
Au Chili, depuis que le processus pour une nouvelle constitution a été lancé, il y a quatre ans, l’avortement revient sans cesse dans le débat. D’abord, le pays a failli être le premier au monde à inscrire l’IVG dans sa constitution, mais aujourd’hui, c’est la droite et l’extrême droite qui sont aux manettes de la machine constitutionnelle, et elles s’y opposent fermement.
Depuis 2017, les chiliennes sont autorisées à avorter mais dans trois cas seulement. S’il y a eu viol, si la vie de la femme est en danger ou si le fœtus n’est pas viable. Selon les chiffres du Ministère de la Santé, ces six dernières années, plus de 3 600 femmes ont eu recours à la législation et ont donc avorté légalement. Mais évidemment, ces chiffres sont loin de la réalité. Chaque année, des centaines d’autres femmes pratiquent des IVG clandestinement. En décembre prochain, les Chiliens seront appelés à voter pour ou contre la proposition de constitution de la droite et l’extrême droite. S’ils l’approuvent, la loi actuelle sur l’avortement pourrait tout simplement être annulée.
En Tunisie un droit légal en théorie plus qu'en pratique
Le 26 septembre 1973, plus d’un an avant la France, la Tunisie d’Habib Bourguiba a autorisé le droit à l’avortement jusqu’à trois mois de grossesse. Une fierté pour la société civile tunisienne. Pourtant au moment de célébrer les 50 ans de ce droit, les associations féministes tirent la sonnette d’alarme. Entre le texte et la réalité, il y a un fossé qui se creuse de plus en plus. Paradoxalement, c'est à cause de la liberté d'expression acquise avec la révolution de 2011. Les voix conservatrices, jusqu'alors étouffées par le régime de Ben Ali, ont émergé.
La loi ne prévoit aucune restriction à l'accès à l'avortement. Mais dans la pratique, les hommes conservateurs n'hésitent plus à hausser le ton. Il y a aussi une certaine complicité au sein de l'administration. Si la loi est claire, d'autres textes administratifs viennent alourdir les démarches pour se faire avorter. À ces freins sociétaux s'ajoute également un frein économique. En pleine crise, la Tunisie a du mal à se procurer certains médicaments, à commencer par les pilules abortives qui ne sont pas la priorité de la pharmacie centrale de Tunisie, qui a le monopole pour importer les médicaments.
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