Crise de l'immobilier : la Suède et l'Irlande, deux pays également frappés par le manque de logements

La crise du logement en France est de plus en plus importante mais c'est le cas aussi chez nos voisins en Europe, notamment en Suède et en Irlande.
Article rédigé par franceinfo - Carlotta Morteo, Clémence Pénard
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Un graffiti dans les rues de Dublin dénonçant la crise des loyers. "2 400 € par mois, voici notre crise immobilière" (NIALL CARSON / MAXPPP)

La Banque centrale suédoise alerte sur les risques grandissants que pose le marché de l’immobilier sur le système financier du pays, en cette période d’inflation. La situation actuelle fait penser aux prémices de la crise de 1992, qui avait plongé la Suède dans une récession économique profonde.

Depuis, un certain nombre de garde-fous ont été mis en place pour réduire le risque de faillites bancaires en cas de crise immobilière. Cependant, en moins de 20 ans, les prix de l’immobilier ont quadruplé en Suède, stimulés par des taux d'intérêt très bas, des taxes foncières pour les propriétaires quasi inexistantes, et une offre de logements insuffisante. En un an, le marché immobilier a perdu en moyenne 15% de sa valeur et dans certaines régions les ventes se sont effondrées de 40%.

En parallèle, la construction de logements a aussi fortement ralenti à cause de l’inflation, des coûts des matières premières et de l’effondrement de la couronne par rapport à l’Euro. Tous ses facteurs sont aggravés en Suède par le fait que le marché locatif est dysfonctionnel car il s'agit d'un marché régulé, une bonne idée à la base, mais qui avec le temps est devenu tellement complexe qu’il faut en moyenne 11 ans pour accéder à un appartement à Stockholm. Ce qui exerce une pression encore plus forte chez les Suédois d’accéder à la propriété, et donc de s’endetter.

Un géant immobilier suédois en grandes difficultés

Le géant de l'immobilier commercial suédois, SBB possède des bureaux, des écoles, des hôpitaux et toute sorte de bâtiments autrefois publics, mais qui ont été vendus à SBB par les communes pour se faire des liquidités rapidement. Ce groupe est acculé par une dette de près de huit milliards de dollars, dont 1,5 milliard de dollars à rembourser au cours des 12 prochains mois.

SBB recherche des rapidement des repreneurs pour éviter une faillite, qui pour le coup pourrait non seulement avoir une répercussion sur l’ensemble du secteur financier puisque l’immobilier commercial représente une très grosse part des prêts bancaires, mais la chute de SBB mettrait aussi en péril le fonctionnement services publics dans plusieurs villes du pays.

En Irlande, des loyers de plus en plus hauts

L'Irlande fait aussi face à une crise du logement avec des loyers qui n'en finissent plus d'augmenter et l'offre elle n'en finit pas de diminuer. En effet, Grâce à sa fiscalité très attractive, l’Irlande a su attirer les grandes entreprises de la tech. Des dizaines de milliers d’expatriés, aux salaires très confortables, sont ainsi venus grossir les rangs des candidats à la location. Or, face à ces arrivées massives, l’offre de biens immobiliers n’a malheureusement pas suivi.

Sur Daft, le principal site d’annonces immobilières du pays, on comptait, en juin cette année, seulement 700 logements disponibles à la location à Dublin et les annonces ne restent pas longtemps. Pour Katherine, 26 ans, c'est un véritable parcours du combattant. "Ici, vous prenez ce qu'il y a. Certains des endroits que j’ai visités étaient terribles avec de la moisissure partout ! Dit-elle. Pourtant, il y aura toujours une file d’attente d’une centaine de personnes dehors qui cherchent évidemment à louer l’appartement."

La situation est si tendue que beaucoup de jeunes sont mêmes obligés de rester chez leurs parents avant de trouver leur propre logement. C’était le cas d’Alex, 28 ans. "Plutôt que de dormir dans la rue, mes parents étaient contents de me retrouver. J’ai donc eu de la chance à cet égard. Mais ça reste frustrant, parce que vous avez l’impression que votre vie est en suspens."

Le budget 2024 vient d'être adopté en Irlande, et il contient effectivement des mesures allant dans ce sens comme l’investissement dans la construction de nouveaux logements. Cependant, ces mesures prennent du temps et pour cette génération qui se dit sacrifiée, la solution, c'est l'immigration. Ils sont en effet de plus en plus nombreux à quitter le pays, pour l’Australie notamment, qui offre de nouvelles perspectives d'avenir à ces jeunes Irlandais.

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