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Développés localement ou certifiés halal, le choix des vaccins contre le Covid-19 vu d'Allemagne, de Cuba et d'Indonésie

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction l'Allemagne, Cuba et l'Indonésie, qui essaient de produire leur propre vaccin contre le Covid-19 ou de privilégier certains types de vaccin. 

Article rédigé par franceinfo - Ludovic Piedtenu, Gabrielle Maréchaux, Domitille Piron
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Un test Covid-19 à l'aéroport international Jose Marti de La Havane le 15 novembre 2020. (YAMIL LAGE / AFP)

Le Club des correspondants de franceinfo nous emmène lundi 11 janvier en Allemagne, à Cuba et en Indonésie. Trois pays qui tentent de priviliégier leur propre vaccin contre le Covid-19 ou celui qui correspond le mieux aux attentes dans le pays.

En Allemagne, Bayer reste dans la course avec le laboratoire Curevac

En Allemagne, après le vaccin contre le Covid-19 créé par BioNTech en association avec le géant américain Pfizer, d’autres vaccins "Made in Germany", comme celui de la société Curevac font leur apparition. Après de bons résultats intermédiaires, ce laboratoire allemand basé à Tübingen près de Stuttgart s’attend à l’approbation de son vaccin d’ici à la fin mars ou au plus tard fin avril. Les essais cliniques avancent et entrent en phase 3. Évidemment, Curevac est déjà en train de penser à la production, il table jusqu’à présent sur 300 millions de doses pour l’année en cours. Mais il cherche à produire plus. Car c’est bien là l’enjeu explique son patron, dans une interview lundi au quotidien économique allemand Handelsblatt. D’où cette alliance scellée jeudi dernier avec le mastodonte Bayer. Un pacte 100% allemand.

Bayer est parmi les plus grands groupes au monde, que ce soit pour les engrais, les pesticides ou les produits pharmaceutiques. Ce géant ne regarde pas passer le train de la lutte anti-Covid. C’est aussi, face à ses concurrents mondiaux, une façon pour cette société de rester parmi les leaders. "L’accord mérite des applaudissements" écrivait la semaine dernière le principal quotidien économique du pays. "Un fabricant allemand de produits pharmaceutiques s’allie enfin à plus grande échelle avec une société de biotechnologie locale. De telles alliances germano-allemandes ont jusqu’à présent été plutôt rares", explique le journal. "La valeur ajoutée reste dans le pays" plutôt que de la voir partir à l’étranger avec le savoir-faire qui va avec, salue Handelsblatt. Le quotidien rappelle que dans le passé, seules des grandes firmes pharmaceutiques étrangères comme Roche, Lilly, Glaxo-Smithkline ou plus récemment Pfizer qui soutient le vaccin allemand BioNTech, se sont montrées intéressées par les jeunes pousses allemandes et leurs travaux de recherche.

Dans ce paysage, il ne faut pas l'oublier, l’État allemand soutient très activement à coup de centaines de millions d’euros ces jeunes et innovantes sociétés de biotechnologies. Tout comme il est actionnaire de BioNTech, l’État détient aussi une participation, 17% de Curevac. Et pour les aider à produire davantage, car c’est une étape qu’elles ne peuvent pas assurer seules à un haut niveau, Berlin vient d’écrire à plusieurs associations pharmaceutiques du pays pour encourager ce patriotisme économique mais aussi la lutte contre le virus et leur demander de soutenir ces sociétés dans cet effort de production.

Cuba développe son propre vaccin 

Les essais cliniques avancent. La deuxième phase vient de commencer. Elles sont baptisées Soberana 1 y 2, c’est à dire Souveraine 1 et 2. Ces candidats-vaccins sont développés depuis le mois d'août par BioCubaFarma, l’industrie biotechnologique et pharmaceutique d’Etat et l’Institut Finlay. Et ces essais cliniques ont été autorisés par l’Organisation mondiale de la santé. Plus de 600 personnes ont participé à cette première phase et pour l’instant les réactions sont bonnes. 1 000 volontaires de plus seront vaccinés ce mois-ci pour avancer dans la deuxième phase de test. Les autorités ont également annoncé il y a quelques semaines que pour la troisième phase de ces essais cliniques, le vaccin cubain serait testé à l’étranger, sans préciser quel pays avait accepté. Mais cette stratégie s’explique par la faible prévalence du Covid-19 parmi la population cubaine, car 150 000 personnes doivent participer à ce test final avant la vaccination massive.

Les vaccins 100% cubains contre le coronavirus sont annoncés avant la fin du premier semestre 2021, dans six mois donc. Pour ce qui est de la stratégie vaccinale, pour le moment, le débat n’est pas là, mais on imagine assez aisément qu’il n’y aura pas de débat et que ce vaccin sera tout simplement obligatoire pour tout le monde, puisqu’il est produit sur place il y aura suffisamment de doses. Cuba choisit donc de faire son propre vaccin pour des questions économiques et surtout parce que l’industrie biotechnologique et pharmaceutique cubaine en a les moyens et a déjà fait ses preuves. Cuba fabrique huit vaccins contre 13 maladies ainsi que des vaccins thérapeutiques comme celui contre le cancer du poumon.  

L'Indonésie mise sur un vaccin certifié halal 

En Indonésie, la vaccination du président en direct à la télévision nationale inaugurera cette semaine le début d’une campagne gigantesque de vaccination. Étalée sur 15 mois, elle est censée immuniser les deux tiers de la population, soit 180 millions de personnes. Le gouvernement a parié massivement sur le vaccin chinois. Efficace à 65,3% selon une première étude réalisée sur 1 600 volontaires indonésiens. Il en a commandé 125 millions de doses. Ce seront les jeunes qui auront la priorité, et les autorités parient sur une spécificité de ce vaccin pour garantir sa réussite. Le vaccin chinois est certifié halal. Dans le pays qui compte le plus de musulmans au monde, cette notion n’est pas seulement réservée à la nourriture : du maquillage peut être halal, un commerce, une banque si elle respecte certaines règles, et également un vaccin. Beaucoup utilisent de la gélatine de porc et cela a déjà posé problème par le passé.

L’absence d’un vaccin halal contre la rougeole et la rubéole avait par exemple entravé les objectifs sanitaires du pays en 2018. En octobre dernier, le vice-président qui est aussi un ouléma, c’est à dire un dignitaire religieux, déclarait déjà que si le vaccin n’était pas halal, il devait quand même être utilisé, au vu de l’urgence sanitaire. Mais cette certification est un plus indéniable aujourd’hui pour convaincre les Indonésiens de se faire vacciner, car le pays mise tout là-dessus, alors qu’une très longue première vague de contaminations sévit toujours et qu’à Jakarta, la capitale, de nouveaux cimetières doivent être construits car il n’y a plus de place dans les anciens pour les morts du Covid-19.

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