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COP28 : le nucléaire et l'objectif zéro émission carbone en Suède et en Italie

A nom de la transition énergétique, la Suède a décidé de réinvestir dans le nucléaire. L'Italie, elle, y voit un moyen de respecter ses objectifs climatiques et réduire un peu plus sa dépendance au gaz russe, sans pour autant franchir le pas.
Article rédigé par Bruno Duvic - Carlotta Morteo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, s'exprime lors de la session Tripler l'énergie nucléaire d'ici 2050, à la COP28 de Dubaï, le 2 décembre 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

La semaine dernière, le Parlement suédois a approuvé le projet de loi sur la relance du nucléaire. Porté par la coalition de droite et d’extrême droite, le retour des investissements dans le nucléaire en Suède est un virage à 180 degrés pour ce pays nordique, qui avait décidé de renoncer à l’atome lors d'un référendum en 1980. Ce revirement se justifie par l’argument massue du climat. La Suède a fait partie des 22 pays signataires samedi 2 décembre à la COP28, aux côtés de la France, pour appeler à "tripler les capacités de l’énergie nucléaire" dans le monde d’ici 2050, par rapport à 2020. C'est aussi un moyen de se prémunir des usines à charbon relancées par l'Allemagne, ou de la dépendance au gaz russe que subissent encore des pays comme l'Italie.

En Suède, 10 centrales à l'horizon 2045

Le nucléaire est plébiscité parce que la demande en électricité est en très forte hausse en Suède. Le pays doit doubler sa production d’ici 2045, pour permettre aux industries de se décarboner et pour répondre à la demande des voitures électriques, qui représentent déjà 75% du marché ici. Le gouvernement mise donc sur une expansion de 2500 mégawatts d’ici 2035, ce qui équivaut à la production de deux centrales nucléaires conventionnelles. Mais il estime qu’il en faudra 10 à l’horizon 2045. 

Le Parlement a donc validé la feuille de route du gouvernement. Une nouvelle loi, qui entre en vigueur le 1er janvier, lève un certain nombre de contraintes et un coordinateur nucléaire a été nommé pour étudier toute la mise en place. Il doit notamment présenter un plan de partage des risques entre l'État et les industriels, faciliter les procédures pour accélérer le développement nucléaire, anticiper les besoins de l’industrie en termes de main-d’œuvre, ou encore prévoir l’augmentation des déchets nucléaires à l’avenir. 

Quant aux citoyens, selon le dernier sondage paru en novembre, 56% d'entre eux sont favorables à cette relance. Ce n’est pas une majorité écrasante, mais l’Allemagne qui avait abandonné le nucléaire en rallumant ses centrales à charbon est devenu un contre-exemple pour la Suède. La coalition de droite a d'ailleurs été rejointe par les socio-démocrates récemment. Seuls les partis de gauche et les Verts sont absolument contre l’atome et regrettent que l’éolien soit aujourd’hui délaissé au profit du nucléaire.  

En Italie, les pro nucléaires retrouvent de l'influence

De son côté, l'Italie, qui ne possède plus de centrale nucléaire depuis 1990, envisage tout de même de relancer ce secteur pour respecter ses objectifs climatiques et réduire un peu plus sa dépendance au gaz russe. Actuellement, 16,5% de sa consommation d’énergie vient du renouvelable, mais environ 75% vient des hydrocarbures, massivement importés. Si la dépendance au gaz russe a été très largement réduite depuis bientôt deux ans, la course pour la transition énergétique n'est pas vraiment engagée. Donc Giorgia Meloni veut explorer toutes les solutions et appelle à "une transition écologique et non pas idéologique". Ainsi l’Italie s’intéresse à nouveau au nucléaire comme source d’énergie. Cela passerait par des accords avec des pays producteurs, par exemple la France, mais aussi par la fabrication maison de petits réacteurs et la recherche sur la fusion nucléaire, l’énergie nucléaire sans déchets radioactifs. 

En ce moment, on constate à Rome une majorité plutôt pro nucléaire, mais la dernière des quatre centrales nucléaires italiennes a fermé il y a 33 ans. L’Italie a abandonné l’atome via deux référendums, l’un après Tchernobyl en 1987, l'autre après Fukushima, en 2011. Selon le dernier sondage en date, il y a aujourd’hui un quart d’Italiens résolument contre l’atome, un quart résolument pour. Reste une moitié qui veut bien qu’on explore cette piste. Mais la proportion des "pour" diminue tout de suite dès qu’il s’agit de construire une centrale près de chez soi.

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