Bicentenaire de la mort de Napoléon : ce qui reste de son empreinte en Allemagne, en Belgique et au Brésil
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction l'Allemagne, la Belgique et le Brésil pour voir comment est perçu Napoléon, 200 ans après sa mort.
La France commémore mercredi 5 mai le bicentenaire de la mort de Napoléon. Une figure importante de l'Histoire, qui est aussi contestée. Emmanuel Macron déposera cet après-midi une gerbe de fleurs devant le tombeau de l'Empereur aux Invalides. Le président de la République compte rappeler l'héritage de Napoléon sans éluder les points les plus sombres de son règne.
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En Allemagne, des rues célèbrent Waterloo
Alors qu'on trouve en France de nombreuses traces des victoires militaires de Napoléon en Europe (Wagram, Austerlitz ou Iéna), ce sont plutôt ses défaites que l’on retrouve en Allemagne. Dans les rues de Berlin ou de Hanovre, c’est la référence à la ville belge de Waterloo qui domine. On trouve des rues, des places ou encore des stations de métro en portent le nom. C'est finalement assez logique car les Allemands préfèrent oublier les victoires de Napoléon, synonymes pour eux de la chute de l’armée prussienne.
Les victoires de Napoléon sont aussi synonymes de son entrée dans Berlin, du pillage des musées et des œuvres d’art expédiées à Paris. Même sort pour le quadrige de la célèbre porte de Brandebourg, cette déesse sur un grand char, qui sera envoyé à Paris avant de revenir une dizaine d'années plus tard.
Cependant, on ne peut pas dire que les Allemands perçoivent tous Napoléon de la même manière. L’Allemagne est un grand territoire qui n’existait pas sous sa forme actuelle il y a 200 ans. Dans l’ancien royaume de Prusse, l'est du pays aujourd'hui, on y a retenu ici davantage la figure de l’oppresseur. En revanche au sud et à l'ouest, les Allemands, plus francophiles et proches de la frontière, ont bénéficié de ses réformes et de son influence avec l’introduction du code civil, l’abolition des privilèges et l’instauration du principe d’égalité devant l’impôt.
En Belgique, Waterloo est devenu un lieu touristique
Le champ de bataille de Waterloo est devenu un centre touristique majeur et paradoxalement, c’est le vaincu de 1815 qui attire les visiteurs. Pour la grande reconstitution de 2015, 70 000 spectateurs se sont pressés et les reconstitutions qui s’y déroulent régulièrement suscitent beaucoup de candidatures pour jouer le rôle de Napoléon ou des troupes françaises. On dit ici en plaisantant que le faible nombre de volontaires pour jouer les troupes alliés donnerait à chaque fois la victoire aux Français.
L'héritage territorial de Napoléon est toujours présent en Belgique. Après sa défaite de Waterloo, un nouveau traité arrache à la France de nombreux cantons qui lui avaient été conservés en 1814. Si les cantons de Bouillon, Chimay, Couvin, Philippeville et Mariembourg entre autres, sont aujourd’hui en Belgique, c’est une conséquence de l’aventure des Cent jours.
La Belgique avait d’ailleurs frappé, en 2015, une pièce commémorative de Waterloo de deux euros, qu’elle a finalement retirée sur demande de la France. Et l’héritage de l’Empereur en Belgique est encore vivant dans la justice puisque le royaume utilise toujours le code Napoléon. Il y a vingt-cinq ans, au lieu de "septante" et "nonante" on entendait d’ailleurs encore "soixante-dix" et "quatre-vingt-dix" dans les tribunaux belges.
Au Brésil, Napoléon a eu des conséquences inattendues sur les colonies
En Amérique latine, Napoléon a fortement marqué le continent. Alors qu’il faisait la guerre aux puissances coloniales de l’époque, l’Espagne et le Portugal, l’ensemble du continent va en connaître des répercussions. Après l'invasion de Lisbonne par les troupes napoléoniennes, le roi du Portugal se réfugie au Brésil en 1808.
En s'établissant à Rio de Janeiro, le gouvernement royal va transformer la colonie : des écoles, une université de médecine, une force militaire sont créées. Avant l’arrivée du roi, le développement du Brésil était uniquement basé sur des échanges commerciaux avec la colonie. En décembre 1815, le royaume du Brésil est créé et déclaré égal au royaume du Portugal. En clair, c’est l’invasion du Portugal par Napoléon qui a mis fin à la condition coloniale du Brésil.
La situation est identique dans les colonies espagnoles avec l’abdication forcée du roi Ferdinand VII en Espagne, décidée par Napoléon, ce qui a permis l’indépendance des latino-américains. Cependant, l’influence de Napoléon n’a pas toujours signifié la liberté : Napoléon à réimposer l’esclavage à Saint-Domingue, actuellement Haïti, et à la Guadeloupe en 1802 alors que les luttes sur le continent tentaient de s’en débarrasser. Cette décision a fortifié partout les esclavagistes et au Brésil, il faudra attendre 1888 pour que soit enfin voté l’abolition de l’esclavage.
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