"La nature devrait primer sur le tourisme" : près de Chambord, un projet d'hôtel de luxe avec golf divise les élus et les habitants
Situé sur 400 hectares de terres agricoles et de forêt, le projet fait parler dans les villages à proximité. Il pourrait toutefois ne pas voir le jour car le propriétaire du terrain ne veut pas le céder.
C'est un méga-projet touristique sur une zone Natura 2000 en Sologne. Les 400 hectares de terres agricoles et de forêt pourraient se transformer en hôtel et en golf. Près la Ferté-Saint-Cyr, petit village à côté du château de Chambord dans le Loir-et-Cher. Derrière la quiétude de ce petit village, le projet fait débat. Il y a les habitants qui sont pour : "Ça peut apporter du travail dans la région et ça va faire travailler nos petites épiceries dans les petits villages. Les gens vont venir visiter Chambord." Et ceux qui sont contre : "Je trouve que la nature devrait primer sur le tourisme. Je pense que le concept de zone touristique un peu intensive, type Center Parcs, je pense que ça, c'est les années 1970-1980, c'est fini."
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Il y a 12 ans, un projet similaire était en déjà en gestation sans qu'il n'arrive au bout. Aujourd'hui, c'est presque le même. Un méga-complexe touristique d'hôtel quatre étoiles, un golf et 500 maisons à la location à l'année, qui sera donc construit sur une zone protégée. Pour sa défense, le promoteur, Bernard Saunier, lui met en avant ses garanties. Il promet que 10% du domaine sera sanctuarisé pour les espèces protégées. Son projet est selon lui inattaquable question environnement : "Par exemple, pour les batraciens, on a mis en place un nombre très important de passages sous les voiries pour aller d'une mare à l'autre.
"Il y a eu tellement de mesures de compensation qui ont été étudiées, définies. L'activité touristique et la protection de l'environnement sont tout à fait compatibles."
Bernard Saunier, promoteurà franceinfo
Ce projet s'étale sur deux communes. Anne-Marie Thomas, maire de la Ferté-Saint-Cyr, est pour. Le projet sera construit en grande partie sur sa commune. L'argument économique la motive car c'est 200 emplois en jeu mais il y a d'autres points positifs, selon l'élue. "Déjà c'est un projet privé, donc il y a un financement de la commune, argumente la maire de la Ferté-Saint-Cyr. Il y a des retombées économiques également pour tous les artisans. D'autant plus que ce sont nos commerçants qui seront sollicités en priorité pour alimenter la petite supérette qu'il y aura au cœur du domaine." Michel Laurent, maire de Saint-Laurent-Nouan, lui, est contre. Car un projet d'une telle envergure n'a plus sa place en 2022. "En 12 ans, les choses ont changé, avance le maire de Saint-Laurent-Nouan. On ne vit plus la même époque. Il y a des nouvelles règles, des nouvelles problématiques et donc aujourd'hui, le projet ne semble plus convenir à l'époque à laquelle on vit."
Un projet qui ne verra jamais le jour ?
Un hôtel qui s'élève, c'est de la nature qui disparaît quoiqu'en dise le promoteur, dénonce l'association Sologne Nature Sauvage dont fait partie Laure de Saint Pierre qui nous amène en voiture près du terrain en question. "Nous on a une grande chance en Sologne c'est qu'on a le brame du cerf, indique Laure de Saint Pierre. J'aimerais bien que ma fille connaisse, comme moi, le brame qui revient. Et donc ça va forcément être dérangé par l'activité humaine."
Une manifestation a même eu lieu mi-octobre contre ce projet qui ne verra peut-être jamais le jour. Tout le monde semble avoir oublié les premiers intéressés. Les frères Janvier sont les propriétaires de ce terrain envié de 400 hectares. Ils sont maraîchers et éleveurs de vaches limousines. Philippe Janvier a bien laissé les expertises du promoteur se faire mais pas question de vendre son terrain : "Ils ont voulu voir jusqu'où leur projet allait, s'il était réalisable, explique-t-il. Mais je dis bien attention, les deux personnes qui sont les propriétaires, c'est bien Philippe et Hervé Janvier. Et je pense que nous sommes propriétaires pour un moment." Les enquêteurs publics rendront leurs conclusions début décembre sur la faisabilité du projet estimé à 500 millions d'euros. Mais le dernier mot reviendra à Philippe Janvier. Pour l'instant ses vaches continueront de paitre dans sur le terrain convoité.
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