Régionales : au PS, "la pilule Pulvar" a du mal à passer
Les propos de la tête de liste aux élections régionales sur les réunions "non-mixtes" n’en finissent plus de secouer le Parti socialiste.
La semaine a été difficile pour les socialistes franciliens. Samedi 27 mars, leur chef de file aux élections régionales a tenu des propos maladroits sur BFM TV. En évoquant les réunions non-mixtes, celles réservées aux victimes de discrimination raciales par exemple, Audrey Pulvar avait recommandé aux participants non concernés par le sujet, non discriminés - "les blancs" - de se taire pour laisser la parole aux victimes.
Une semaine plus tard, ce n’est pas tant le propos en lui-même que ce qui s’est passé depuis, en coulisses, qui menace sa campagne. D'abord, un comité stratégique houleux dimanche, au lendemain de la diffusion de l’interview de Pulvar. Sont présents en visioconférence : tous les socialistes concernés par les régionales en Ile-de-France. Une réunion “brutale” selon plusieurs participants, qui évoquent une candidate sur la défensive, agressive.
"Un côté diva"
“Elle a dit qu’elle était victime d’une campagne orchestrée par l’extrême droite, que tous ceux qui la critiquent, y compris en interne, sont en fait d’extrême droite”, raconte un socialiste. Un autre : “Elle a voulu nous mettre au pied du mur : soit vous êtes derrière moi, soit vous me lâchez”. Un troisième : “J’ai senti un côté diva, qui m’aime me suive, incapable de reconnaître sa maladresse.”
Nouvel accès de fièvre mardi, quand Olivier Faure, premier secrétaire du PS, explique sur LCI qu’Audrey Pulvar va revenir sur ses propos pour préciser sa pensée. La candidate lui écrit illico : “Je n’ai pas dit : ‘Les blancs doivent se taire’. Maintenant que vous reprenez l’expression utilisée par l’extrême droite et la droite, la boucle est bouclée et je n’ai plus d’issue.”
En interne, la confiance semble rompue. “C’est quand même le PS qui lui apporte le gros de sa logistique, les militants et les moyens, prévient un cadre du parti. Nous sommes en droit de lui dire qu’il y a des règles à respecter, comme éviter de dire à des élus qu’ils doivent changer de position stratégique."
Mariage de raison
"Elle est entourée de conseillers d’extrême gauche qui veulent la mort du PS, accuse de son côté un conseiller régional. Est-ce qu’elle n’a pas volontairement pris cette position, sur leurs conseils, pour nous mettre dans la nasse ?” C’est ce genre d’interrogation qui témoigne de l’ampleur de la crise.
A défaut d’un mariage d’amour, l'alliance entre Audrey Pulvar et le Parti socialiste ressemble désormais à un mariage de raison. “Elle ne peut pas sortir du dispositif sinon elle se démonétise", analyse un socialiste. Le même : "Nous on ne peut pas la démettre parce qu'on dira que le PS a un problème avec le renouvellement, des profils différents issus de la société civile.” “Donc pour l’instant, tout le monde essaye de calmer le jeu”, conclut le même.
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