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Pour En Marche, le casse-tête de l'allongement de l'IVG

Faut-il oui ou non faire revenir à l’Assemblée le texte sur l’allongement des délais d’interruption volontaire de grossesse ? La question tourne au casse-tête dans la majorité.

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié
Temps de lecture : 180 min
Interruption volontaire de grossesse (IVG), photo d'illustration. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS)

La proposition de loi de la députée Albane Gaillot, pour rallonger le délai autorisé pour l’IVG de 12 à 14 semaines, a été votée en première lecture l’an dernier. Puis débattue à nouveau en février, avec un soutien transpartisan par des députés d’opposition et de la majorité. En seconde lecture, la proposition n’a pas pu être adoptée parce qu’une poignée d’élus de droite a bloqué les débats, en déposant des tonnes d’amendements, tant et si bien que la proposition a été retirée, pour faire passer d’autres textes.

Christophe Castaner, président du groupe En Marche, avait alors promis à ses troupes de remettre à l’agenda le rallongement du délai d’IVG, via le projet de financement de la sécurité sociale. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est la sortie du président. En juin, dans le magazine Elle, Emmanuel Macron se dit opposé au passage de 12 à 14 semaines. Et quand le gouvernement a rédigé le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, il n’a donc pas prévu de dispositions reprenant l’allongement des délais d’IVG. Cette semaine encore, interrogé au Parlement, Olivier Véran et les ministres qui lui sont rattachés à la Santé ont botté en touche, ne se disant ni favorables, ni défavorables. Traduction par un parlementaire : "Le gouvernement se planque."

La non-position de l'exécutif n’arrange pas les affaires de Christophe Castaner, coincé par sa promesse, qui se dit à titre personnel "très attaché au texte" et prêt à assumer "que le groupe ait une position différente de celle de l’exécutif".

Une fenêtre de tir : la niche parlementaire d'En Marche

Encore faut-il qu’il ait une occasion de le dire, c’est-à-dire que le texte soit de nouveau programmé en séance. C’est tout le paradoxe, résumé par la députée Albane Gaillot, qui dit avoir "des alliés partout qui soutiendront le texte une fois qu’il arrive. Ce qui bloque, c’est de savoir comment il arrive." Il y a une fenêtre de tir : la niche parlementaire d’En Marche, le 10 décembre. Une niche parlementaire, c’est quand l’ordre du jour est fixé par les députés et non le gouvernement. En Marche peut décider d’y programmer l’allongement des délais d’IVG. "Ce n’est pas exclu, c’est une possibilité", dit-on. La vice-présidente du groupe En Marche Aurore Bergé pousse en ce sens, avec encore un tweet cette semaine où elle promet de "faire aboutir la proposition de loi IVG."

"Aurore a une capacité d'entraînement, et sait emmerder le gouvernement quand elle a envie", confie un conseiller. Pour l'heure, les promesses des uns et les intentions prêtées aux autres ne se traduisent pas en actes, parce qu’il y a des oppositions au sein même de la majorité sur la bonne tactique à adopter. Faut-il reprendre le texte d’une députée, Albane Gaillot, qui a depuis quitté les rangs d’En Marche ? "On a déjà assez de textes à nous à faire passer"; objecte une élue.

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