Loi immigration : la majorité présidentielle tire déjà les enseignements des erreurs à éviter

On ne sait toujours pas s'il y aura un vote à l'Assemblée et au Sénat sur la loi immigration car les travaux de la commission mixte paritaire doivent reprendre mardi, pour aboutir (ou pas) à un texte à soumettre au vote. Mais le feuilleton de la loi immigration sert déjà de leçon à la majorité
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le président Emmanuel Macron et son ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. (RAPHAEL LAFARGUE / POOL / VIA AFP)

On n'est pas encore le 1er janvier, mais l'heure est déjà presque aux bonnes résolutions, avec des erreurs sur la loi immigration à ne pas reproduire. D'abord, taper trop fort sur LR ne semble pas efficace quand on a absolument besoin de leurs voix. "Darmanin a trop joué double jeu, ça a fini par se voir" critique un conseiller de l'exécutif. Essayer de convaincre chaque député LR en privé, et être dur publiquement avec la droite, ça a braqué Éric Ciotti et ses troupes. Depuis la motion de rejet, la méthode d'Élisabeth Borne qui négocie avec les dirigeants LR a davantage la cote : "Elle fait de l'anti-Gérald, salue un ministre, sans coups de menton, la techno lui donne une leçon". Même si à cette heure cette méthode est, elle aussi, sans garantie de succès.

Avoir commencé le parcours parlementaire de la loi immigration en février dernier au Sénat fait aussi partie des erreurs identifiées par la macronie. La semaine dernière au dîner de crise, Emmanuel Macron a regretté que la loi immigration soit d'abord passée par le Sénat, où la droite est majoritaire. "Une connerie à ne pas refaire", s'étrangle un député de l'aile gauche de la majorité. La question se posera pour les futurs textes importants, car avec cet épisode, "on sent qu'ils ont pris la confiance au Sénat", admet un conseiller de l'exécutif. La preuve : mercredi dernier, les sénateurs ont torpillé en commission deux nouveaux délits créés dans le projet de loi contre les dérives sectaires, que le gouvernement va tout faire pour essayer de rétablir dans l'hémicycle aujourd'hui et demain.

Les bonnes résolutions pour 2024

Et puis le rapport aux parlementaires est aussi sur la liste des améliorations possibles. "Il faut que les députés aient le sentiment d'être bien traités par le gouvernement", insiste un ministre. Surtout quand ils sont de la majorité, à l'heure où le "en même temps" vacille sur l'immigration. "Ça fait longtemps que Macron n'a pas vu ses députés", glisse un conseiller en guise de proposition de bonne résolution pour le chef de l'État. Traiter les députés ça passe aussi par bien les prévenir quand un ministre se déplace sur leurs terres, et même mieux, "monter le programme avec eux, qu'ils soient de la majorité, chez LR et même au PS", suggère un membre du gouvernement. Autre suggestion pour ses collègues : davantage répondre aux questions écrites que les députés adressent aux ministres. On a regardé les chiffres : il y en a eu 13 774 envoyées depuis juin 2022. À peine 62% ont reçu une réponse et 21% seulement dans un délai de deux mois. Résumé par un député de la majorité, ça donne ceci : "Il va falloir que le gouvernement apprenne à vivre avec un parlement où il est minoritaire".

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